Un pont d’espoir — Une rencontre régionale avec ATD Philippines

Presque tout le monde aimerait pouvoir faire quelque chose pour changer le monde. Préoccupés par la pauvreté, certains donnent de l’argent ou assurent le service à la soupe populaire. Malgré tout, il est facile de se sentir démuni devant un problème aussi considérable. Une grande partie de l’action d’ATD Quart Monde consiste à rassembler des personnes ordinaires qui veulent trouver un moyen d’aller plus loin que la charité habituelle ou le bénévolat traditionnel. Les membres d’ATD en Asie se sont réunis récemment aux Philippines et ont été inspirés par des personnes qui connaissent des difficultés au jour le jour mais parviennent malgré tout à aider leurs voisins.

En janvier, ATD Philippines a organisé un rassemblement pour des personnes de divers pays asiatiques désireuses d’en apprendre plus sur l’organisation et d’en rencontrer les membres philippins, ainsi que des personnes en situation de pauvreté, des amis de la région et des volontaires d’ATD. Parmi les visiteurs se trouvait Ming Hung, de Tawaïn, un doctorant de l’université Dong-Hwa de Hualien. Ming Hung était intéressé en particulier par la manière dont les plus pauvres en venaient à prendre en charge des projets d’ATD Quart Monde, comme la Bibliothèque de Rue et le programme d’alphabétisation Ang Galing.

Deux membres taiwanais d’ATD Quart Monde, A-Yon et Liliana, ont visité le cimetière nord de Manille, où vivent des familles sans-abris, qui entretiennent les tombes et les mausolées appartenant à d’autres. Voilà plus de 30 ans qu’ATD y travaille et, actuellement, le mouvement y mène un programme destiné à permettre aux familles de faire des économies : chaque semaine, elles choisissent un montant à économiser et elles peuvent accéder à leurs fonds à tout moment. Les personnes en situation de précarité qui n’ont pas grand-chose se rendent ainsi compte qu’elles peuvent économiser un peu d’argent. Liliana et A-Yong ont été saisis par le degré de confiance existant entre ces familles et ATD. Ils ont demandé comment ATD s’y prenait pour développer ce genre de relations avec les personnes les plus défavorisées, qui permet un véritable échange intellectuel, sur un pied d’égalité.

Certains visiteurs ont fait un voyage de deux heures, pour quitter la ville et découvrir les lieux où le gouvernement a relogé des familles de Manille alors sans domicile fixe. ATD rend visite à ces familles relogées plusieurs fois par an et apporte des livres pour les enfants. Ce relogement est une source de bien des débats pour plusieurs raisons. Hors de la ville les perspectives d’emploi sont peu nombreuses. En fait, un certain nombre de familles sont retournées dans le bidonville où elles habitaient auparavant pour pouvoir y trouver du travail. Sur le site de relogement, l’équipe d’ATD et ses hôtes ont rencontré plusieurs personnes forcées de regagner leur nouvelle maison depuis Manille.

Les visiteurs ont aussi pu assister à la rencontre régionale d’ATD Quart Monde. Les débats se sont concentrés sur la manière d’avoir un engagement durable quand on travaille à surmonter la misère. Ate1 Hilda a parlé de sa prise de confiance, lorsqu’il s’agit de défendre son opinion et d’aider les autres. « Je connais ATD Quart Monde depuis que je suis enfant, a-t-elle expliqué, mais avant, je n’avais pas le courage de m’impliquer, j’étais trop timide. Avec l’âge, j’ai commencé à assister à des réunions d’ATD et j’ai appris à me battre pour mes droits. Maintenant, j’aide à la préparation des activités pour les enfants de Norzagaray, l’un des lieux de relogement. Quand on m’a demandé de faciliter la mise en place des activités pour les enfants, il s’est avéré que j’étais capable de les pousser à s’impliquer et les parents se sont rendus compte qu’ils pouvaient me faire confiance… ».

Hoang, du Vietnam, a évoqué la manière dont vivent des gens qu’elle connaît, près d’une décharge. Ils ont l’impression d’être plus forts, a-t-elle expliqué, quand ils sentent qu’ils peuvent raconter leur histoire et témoigner aux autres de leur souffrance. Paul, Liya et leur fils, venus de Chine, ont été impressionnés par l’implication des facilitateurs communautaires d’ATD qui, en dépit de leurs conditions de vie difficiles, sont très enthousiastes et volontaires quand il s’agit d’aider les autres.
Facilitatrice communautaire, Ate Lilian a décrit comment elle en est venue à être impliquée dans les projets autour de l’éducation avec ATD Quart Monde, alors qu’elle observait les difficultés des enfants à aller à l’école. « Parfois, j’emmène moi-même les enfants à l’école ou je les aide avec différents projets, a-t-elle expliqué. Grâce à l’aide que j’apporte aux enfants, je suis devenue l’une des principaux facilitateurs communautaires pour Ang Galing, le programme de tutorat à destination du Cimetière Nord.

  • La pauvreté, ce n’est pas qu’une question d’argent qui manque. C’est aussi l’accès à l’éducation qui fait défaut. »

Susie, une membre d’ATD venue des États-Unis, a parlé de comment mieux partager le point de vue des plus pauvres. Un jour, une mère a montré à Susie un tas de vieux vêtements entassés au fond du jardin.

  • « Je ne comprends pas pourquoi les gens persistent à nous donner tant de vêtements, juste parce qu’on est pauvres, a-t-elle dit. Je ne sais pas quoi faire de tous ces vêtements. »

Ate Lydia a utilisé l’expression « un pont d’espoir » pour parler de son implication dans les efforts pour surmonter la pauvreté. Elle a passé la plus part de sa vie sous un pont de Manille, à gagner son pain en vendant de l’eau en bouteille. Malgré son existence difficile, elle espère toujours un avenir meilleur pour sa famille et les autres personnes qui font l’expérience de la pauvreté.

Les visiteurs venus d’Asie se sont montrés très enthousiastes à la découverte de ces nouvelles manières de travailler avec les plus pauvres. Ils sont rentrés chez eux avec la ferme intention de rester en contact et de se soutenir les uns les autres dans des projets qui soient à la fois porteurs de sens sur le plan personnel et importants pour leurs communautés.

Pour plus d’informations sur les projets d’ATD Quart Monde près de chez vous.

Pour plus d’informations sur le volontariat permanent à ATD Quart Monde.

Pour plus d’informations sur le travail d’ATD Quart Monde aux Philippines.

  1. « Ate » est une marque de respect et d’affection, qui peut se traduire par « sœur ».