Solidarité en temps de crise

Dessin : 2020, Pérou, « Tous indispensables » ATD Quart Monde © Luciano Olazabal

La crise du COVID-19 frappe également la Bolivie. Lorsque le gouvernement a ordonné la quarantaine totale, les membres d’ATD Quart Monde en Bolivie étaient sûrs que les familles qui vivent quotidiennement dans des conditions inacceptables en aident d’autres qui sont encore plus dans le besoin, celles pour qui aucune aide n’arrivera ; elles les connaissent et savent où elles sont.

La pandémie que nous vivons à l’échelle mondiale a de nouveau mis en évidence qu’il nous faut prendre exemple sur ces familles, si nous voulons parvenir à une société juste qui ne laisse personne sur le bord du chemin.

Pour faire face à cette situation difficile en Bolivie, des membres du Mouvement ATD Quart Monde à Alto et à La Paz s’organisent pour créer et maintenir des réseaux de solidarité et nous transmettent leur expérience :

  • « J’ai apporté ça pour partager, je n’ai pas grand-chose moi-même, et dans quelques semaines ce que j’ai ne suffira plus. Mais je crois qu’on doit garder un petit peu de côté au cas où quelqu’un souffre plus que nous. »

Forts de cette réflexion de Roxana, militante Quart Monde, nous organisons ensemble les vivres que nous avons collectés avec l’aide des voisins de la Maison de l’Amitié, dans le district où ATD Quart Monde est présent. Ils disent : « face au confinement total décidé par le gouvernement, il y a des familles qui n’arriveront pas à survivre si nous n’agissons pas dès aujourd’hui. »

Roxana sait par expérience que lorsqu’il y a des pénuries alimentaires, il est important de mettre de côté, malgré le peu qu’il reste, pour ceux qui seraient encore plus dans le besoin. C’est pourquoi Roxana pense à Patricia et propose que nous remplissions un sac de vivres : « Elle ne participe pas à la Maison de l’Amitié, c’est la maman du camarade de mon fils ». Alors, nous nous rendons ensemble chez elle pour lui apporter des provisions. De la même manière, Pauline, avec qui nous avons également partagé un sac de vivres et qui rencontre de nombreuses difficultés pour vendre les miroirs qu’elle produit, nous appelle pour nous faire savoir que sa voisine est en difficulté. Les gestes tels que celui de Pauline nous disent combien il est important de ne pas être indifférents en ces temps de crise.

Martha, alliée, nous explique que sous la coordination du médecin du centre de santé de son quartier, les voisins ont pu apporter des vivres pour ceux qui en auraient besoin.

Ce n’est pas la première fois que nous vivons ces démonstrations de solidarité qui passent par « penser aux autres », ou encore « garder un peu pour si quelqu’un d’autre a besoin ». Toutefois, Margarita nous incite à aller encore plus loin :

  • « Comment pouvons-nous faire pour que les autorités nous écoutent ? Il nous faut penser à ce qui permettra que personne ne soit laissé de côté au moment où le gouvernement sera prêt à nous aider.
    Beaucoup de gens sont partis à la campagne où ils ont un terrain ou de la famille, mais moi je n’ai pas de village où aller ; nous devons nous faire entendre. »

Pour donner suite à la réflexion de Margarita et d’autres membres du Mouvement, ATD Quart Monde s’est associé à d’autres organisations pour faire entendre les voix de nombreuses familles comme celle de Pauline, Margarita ou Roxana, à travers une lettre ouverte adressée aux autorités et à la société civile. Ils y mettent en évidence que, malgré les efforts déployés pour créer et étendre l’aide solidaire sous forme de bons familiaux, le soutien du gouvernement ne parvient pas à toutes les familles, et en particulier à celles qui sont les plus exclues.

Aujourd’hui plus que jamais, il est indispensable de s’appuyer sur les connaissances et l’expérience des familles les plus défavorisées pour trouver de véritables solutions qui ne laissent personne sur le bord du chemin.

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