Le combat pour le droit à l’éducation pour tous en Bolivie

L’histoire du Mouvement ATD Quart Monde en Bolivie avec le Mouvement Tapori et la construction d’une Maison de l’amitié a entraîné l’équipe dans le domaine de l’éducation avec en premier lieu la volonté de permettre aux enfants de libérer leur créativité ; libérer les enfants du « c’est bien/c’est mal » grâce à diverses activités créatrices.

La récente campagne Tapori : “Ce dont j’ai besoin pour bien apprendre”, a permis aux enfants d’exprimer avec force leur désir d’apprendre et les conditions matériels et affectives dont ils ont besoin. Ils ont ensuite construit l’école de leurs rêves : “Je rêve que dans mon école on soit tous unis, que les professeurs nous traitent bien (…) Je veux une école créative, une salle d’ordinateur, qu’on soit aimable avec les camarades (…) L’école de mes rêves c’est que tous on apprenne les arts (…) Je rêve d’une école qui soit jolie avec des fleurs, des arbres« .

Le travail en Université populaire (2010 et 2013) a permis l’expression des parents sur l’éducation rigide et autoritaire hérité des dictatures dont ils ont souffert, le déni pour les femmes du besoin d’étudier et aussi leur aspiration à une éducation de qualité pour leur enfants. Les alliés professeurs ont pu se sentir agressés par les paroles des parents ; ils ont voulu expliquer leur pédagogie, leur engagement, leurs découvertes. « Avec ATD, j’ai découvert l’importance d’être en relation avec les parents quant à l’éducation scolaire de leurs enfants. ». De grandes inégalités sont dénoncées entre l’enseignement à La Paz dans les quartiers périphériques d’El Alto et à la campagne où il est en général le plus déficient.

ATD Quart Monde continue de relever le défi d’une réflexion avec l’ensemble des acteurs sur les responsabilités des parents, des enfants, des enseignants d’une manière qui ne stigmatise personne. L’école est le ciment de la communauté. Mais, quand la communauté doit prendre en charge l’école, la participation financière ou en service qu’elle exige aux parents condamne les plus pauvres d’entre eux à des sacrifices démesurés ; sacrifices fait dans le silence et la plupart du temps ignorés des autres. Il est difficile alors de ne pas laisser les enfants plus pauvres de côté ; certains d’entre eux finissent par abandonner l’école. Travailler sur la pédagogie est essentiel pour que l’école ne soit pas un lieu d’humiliation mais qu’elle transmette par son fonctionnement et sa pratique les savoirs et les valeurs communautaires de la culture dont sont issus les enfants et la fierté de leur milieu. Pour répondre au désarroi dû à la confrontation entre le monde moderne et la société traditionnelle, l’art, la création et des temps forts de vie communautaire mêlant tous les âges doivent être proposés, avec au cœur la question : qu’est-ce qu’on veut que nos enfants apprennent et pourquoi, pour qu’ils se bâtissent en tant que personnes ?