Chercher des chemins de dialogue entre l’école et la communauté

M. était connue depuis longtemps du Mouvement ATD Quart Monde mais ne participait à aucune action. Enfant vivant à la rue, elle a grandi avec sa grand-mère. Aujourd’hui M. élève ses enfants avec elle. M. a d’abord été pour l’équipe la personne qui posait des gestes dont on ne comprenait pas le sens ; les chemins qu’elle cherchait à ouvrir étaient incompréhensibles. Devant la fragilité de projets qui ne faisaient pas de sens avec elle, devant l’échec de l’action, on est reparti d’une qualité de présence. On a dû créer des espaces, un mot ambitieux pour dire la rencontre de M. avec d’autres. M. a représenté la capacité d’une personne à nous emmener sur de nouveaux chemins.

L’équipe d’ATD Quart Monde constatait l’étanchéité de deux espaces de transmission, la communauté et le scolaire. On a cherché des chemins de dialogue entre ces deux espaces que sont l’école et la communauté. Derrière la question de la transmission, il y a celle de la reconnaissance du savoir. On a travaillé avec M. pour lui permettre de se ressaisir de sa connaissance par exemple, comment elle a appris à compter et comment elle a enseigné à compter. Sa fille R. a appris de la même manière qu’elle, en vendant de la cola. En le disant, M. s’est redit la validité et la pertinence de son savoir. Elle a dit : « Vous avez enlevé la honte de ma tête. » Pour elle, c’est la capacité d’être debout, la capacité d’être debout parmi d’autres.