Succès du séminaire d’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à la Banque Mondiale

Communiqué de presse 15 février 2013 Antananarivo

Ce séminaire a eu lieu les14 et 15 février dans les locaux de la Banque Mondiale, à Antananarivo. Il a rassemblé une soixantaine de participants. En premier lieu, des délégués de familles en situation d’extrême pauvreté qui s’étaient préparées par des rencontres mensuelles et deux jours de pré-séminaire. Des représentants d’ONG engagées dans la lutte contre la pauvreté. Et enfin, des représentants d’institutions diverses : Ministères de la Population, de l’Education et de la Formation Professionnelle, de la Jeunesse et des Loisirs, de l’Enseignement technique ; UNICEF, PNUD [1], AFD [2], Ambassade de France, Banque Mondiale.

« Je suis venue ici pour mes enfants et mes petits-enfants  », a dit une habitante du bas quartier d’Antohomadinika, lors de la dernière journée du séminaire d’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement organisé par le Mouvement ATD Quart Monde Madagascar, en collaboration avec la Banque Mondiale. Elle exprimait ainsi combien les familles en situation d’extrême pauvreté attendent que leur vie change durablement. Elles agissent au quotidien pour cela.

L’originalité de ce séminaire était double.

  • D’une part, il a permis un dialogue entre des personnes qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble : délégués des personnes en situation de pauvreté, représentants de ministères, d’institutions bilatérales ou internationales, et représentants d’ONG. Il a permis de partager les savoirs propres à chacun de ces groupes : savoirs de vie des personnes en situation de pauvreté, savoirs d’action des ONG, savoirs institutionnels et académiques. Pour que la lutte contre la pauvreté avance, ces différents savoirs doivent s’enrichir mutuellement.
  • D’autre part, la méthode de dialogue mise en place a permis de construire des constats et des propositions communes à tous les participants dans trois domaines : emploi et protection sociale, éducation et formation professionnelle, citoyenneté et responsabilité. L’objectif était de produire des propositions d’action recueillant l’accord de tous les participants, pour les transmettre ensuite aux différentes institutions. Voici quelques extraits des constats établis en commun.
  • Pour les familles les plus défavorisées, aux ressources financières dérisoires, les droits humains fondamentaux à l’alimentation, au logement, à l’eau potable, à la santé, ne sont pas respectés. De ce fait, l’accès à l’éducation et à la formation leur est très difficile. A cause des difficultés de la vie quotidienne, de la survie au jour le jour, les enfants et les jeunes ne peuvent pas achever leur formation, quand ils y accèdent. Sans instruction et sans formation professionnelle, il leur est impossible d’accéder à un emploi stable et décent. En général, les familles les plus défavorisées n’ont aucune protection sociale, ce qui peut entraîner la mort par manque de soins ou de médicaments.
  • De nombreux enfants ne sont pas déclarés à la naissance, à cause des difficultés de procédure, de nombreux adultes n’ont pas de carte d’identité nationale et ne sont pas déclarés au fokontany ce qui les empêche d’être des citoyens à part entière.
  • Les personnes qui vivent la pauvreté se sentent méprisées et exclues : elles ressentent la peur, la honte et se sentent rejetées dans les bureaux parce qu’elles n’arrivent pas à s’exprimer comme elles le voudraient, ou qu’elles n’ont pas de vêtements propres.
  • Le manque de savoir et de connaissances (illettrisme, ignorance) est à la base de la pauvreté et de la misère.

Face à ces constats, les participants ont formulé les propositions suivantes :

  • Mettre en place une politique nationale de lutte contre la pauvreté, en associant les populations les plus défavorisées à la réflexion. Il faut mettre en place des lieux de collaboration entre l’Etat et la société civile.
  • Élaboration et validation d’un plan intérimaire de protection sociale, avec des représentants des familles les plus démunies, reconnus par elles, sur la base du projet de politique nationale de protection sociale existant (plan de 2007 mis à jour en 2009).
  • Plan d’action, suivi et évaluation du plan intérimaire de protection sociale sur la base du respect et de la mise en œuvre des droits humains fondamentaux, en particulier les droits à l’éducation, à la santé et à l’emploi.
  • Assurer la formation de base et la formation professionnelle gratuite dans toute l’ile. Offrir une assistance financière aux jeunes en formation. Diversifier la formation professionnelle pour qu’elle réponde aux besoins du pays.
  • Développer l’éducation et la sensibilisation sur les droits et responsabilités des citoyens.
  • Créer des structures de doléances et de conseil décentralisées pour le respect des droits.
  • Permettre aux personnes en situation de pauvreté d’avoir des responsabilités dans le développement de leurs lieux de vie.

Ces innovations ne pourront advenir sans changements de mentalité dans tous les milieux sociaux.

Lors de l’évaluation de ce séminaire, une déléguée des familles en situation de pauvreté a dit : « C’étaient deux jours très importants pour nous. Ce n’était pas une distraction. C’est important de discuter comment assurer l’avenir de nos enfants, des générations futures, de notre nation. Notre relation ici a été très positive. Cette rencontre nous a vraiment enrichis. Cela a boosté notre moral. Il n’y avait pas de dédain envers nous. Vous nous avez traités comme des personnes humaines. Nous nous sentons citoyens et égaux. Nous savons que nous avons la capacité de nous développer. »

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Les participants du séminaire
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Mme Jocelyne présente les résultats d’un groupe de militants

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M. Anja (représentant du Ministère de la Population) et Mme Voahangy (déléguée des familles de MMM)
 

[1] Programme des Nations Unies pour le Développement

[2] Agence Française pour le Développement