Quelques réactions des participants

Analyse

La lutte contre la pauvreté est une question de démocratie
En Belgique, le Parlement wallon a accueilli des associations1 et surtout des personnes qui vivent la grande précarité au quotidien. Patrick Dupriez, son président, retient deux aspects de cette initiative : « Tout d’abord, il est important que ces personnes puissent prendre la parole elles-mêmes et qu’elles puissent être entendues par des parlementaires de différentes familles politiques et que ces parlementaires dans une certaine mesure puissent prendre conscience du fait que les familles les plus pauvres ont des ressources, ont de la créativité, se battent au quotidien pour survivre. Le second aspect, c’est que les enjeux dépassent largement les thématiques traditionnellement sociales parce que sinon on en reste systématiquement à des logiques palliatives, d’où l’importance d’interpeller les ministres, les parlementaires qui s’occupent d’énergie, de logement, mais aussi de développement économique et d’environnement de façon générale.  »

Mettre fin à la césure entre les institutions enrichissant l’économie et celles qui se préoccupent des droits de l’homme.
« Il faut mener des politiques spécifiques (importance de la politique de logement, de la politique de famille, de l’éducation, de la formation), mais il faut en même temps avoir une approche plus globale pour changer le type de croissance  » a noté Philippe Maystadt, alors président du Conseil fédéral belge du développement durable, «  Un phénomène majeur, la financiarisation de l’économie, qui s’est produit au cours des vingt dernières années, a incontestablement une incidence sur l’accroissement des inégalités et l’augmentation de la pauvreté. La finance est devenue dominante dans notre économie globalisée. Il faut remettre la finance au service de l’économie et non l’inverse.
La stratégie européenne 2020 de croissance intelligente, soutenable et inclusive doit être complétée par une meilleure régulation financière et par une harmonisation de certains aspects de la fiscalité. 
 »

Responsabilités de l’Europe
Mercédès Bresso, Vice-Présidente du Comité des régions, a souligné les points suivants : «  Il ne s’agit pas uniquement de lutter contre la pauvreté, il faut combiner cette bataille contre la pauvreté avec une politique de développement durable qui crée des conditions différentes de vie pour tout le monde à l’intérieur desquelles on peut modifier la condition des plus démunis. Au niveau de l’Union européenne, nous sommes à grosso modo à 17 % de notre population qui ne dispose pas de ressources suffisantes à ses besoins élémentaires. Un enfant sur cinq vit dans la pauvreté en Europe. A cause des politiques de restriction budgétaire, les villes, les provinces, les régions n’ont plus les ressources suffisantes pour toutes les politiques sociales. Nous rappelons à l’Union européenne que, si elle veut répondre à ses ambitions, il faut se mettre ensemble et rendre concrets les objectifs adoptés. Il faut aussi travailler ensemble pour que le niveau de restriction budgétaire que nous connaissons tous ne se traduise pas par plus de difficultés pour les gens en difficulté dans nos pays et pour nos politiques d’aide au développement durable sur lesquelles nous sommes engagés à l’extérieur de l’Europe.  »

Revendiquer l’ensemble des droits de l’homme
Roberto Bissio, coordinateur de Social Watch : « Nous n’avons pas à choisir un droit par rapport à un autre. Nous devons les exiger tous. Et cela inclut, bien sûr, fondamentalement, les droits des personnes vivant dans la pauvreté en raison d’un déni de tous leurs autres droits. Et je pense que c’est une base pour vraiment comprendre la justice de nos tribunaux et de canaliser l’indignation, le droit de s’indigner que nous allons introduire dans les processus constructifs.  »