Les plus pauvres disent aussi quel est « le monde que nous voulons »

Analyse

Les délégations, fortes d’un travail de préparation de plusieurs années, ont mis l’accent sur des propositions.

La participation des plus pauvres à des concertations avec d’autres est essentielle.

En Belgique, depuis une quinzaine d’années, le Service inter-fédéral de lutte contre la pauvreté organise un dialogue structurel, dans la durée, avec les nombreux acteurs, publics et privés, impliqués dans la lutte contre la pauvreté, en veillant à ce que les personnes les plus pauvres et les associations dans lesquelles elles se reconnaissent puissent y participer. Ce dialogue conduit à élaborer des propositions présentées aux différents niveaux de pouvoir politique [1]. A l’Île Maurice des propositions issues de concertations sur l’éducation et le logement ont été remises au Président de la République. La délégation des Philippines a aussi mis en lumière la nécessité d’un dialogue avec les autorités (barangay) suite à la démolition d’un bidonville, ainsi que celle d’Haïti qui réclame une vraie concertation avec la population pour les projets de développement.

Il faut mettre fin à la dégradation des droits sociaux et aux conditions mises aux droits.

« Nous voulons être traités comme des êtres humains, de façon digne » disent des sans papiers et des demandeurs d’asile. « Les Communautés ne cessent de soumettre les sans-papiers ou demandeurs d’asile, ces êtres humains à des conditions inhumaines et inacceptables dans le traitement de leurs demandes d’asile, de régularisation et surtout des conditions de leur détention et de rapatriement ». En écho, des belges disent : «  Nos droits à la famille s’envolent quand on nous met tellement de conditions, que finalement on n’a plus droit à rien ! On n’a plus droit au logement décent, on n’a plus de droit à la famille… On n’a plus droit à un revenu décent, on n’a plus droit à la famille… Tout se tient ! Et en finale, c’est notre droit à la dignité qui n’existe plus !  » Tant à l’Île Maurice qu’en Pologne, les délégations dénoncent les contrats de travail illégaux ou avec des droits dégradés, les conditions mises aux droits de vivre en famille, au logement,…

Nous proposons d’autres solutions, pour l’habitat durable, l’école.

La délégation de France a présenté les résultats d’une concertation de plusieurs années afin que l’école devienne une école où tous les enfants puissent réussir. L’aspect novateur a été de construire ensemble – familles très pauvres, partenaires, décideurs politiques –, jusqu’aux propositions politiques [2] . En Belgique, des familles très pauvres ont participé, dans un dialogue avec des associations environnementalistes à l’élaboration d’un plaidoyer commun qui met l’accent sur le logement public et social, les possibilités de lutter contre la pauvreté par le logement, l’impact des matériaux de construction, l’importance des normes de produits, l’accès à l’énergie et aux économies d’énergie, ainsi qu’à l’eau. Sans oublier l’enjeu de la fiscalité immobilière et de la formation aux techniques de construction durable [3]… En Espagne, face aux problèmes de logement, des personnes luttent pour que les plus faibles ne soient pas mis à l’écart, pour rassembler les solidarités dans les quartiers, afin d’aider les gens et défendre les droits ensemble et que « la maison devienne le bien de tous et pas l’affaire de quelques uns ».

Comme l’explique la délégation belge des Universités Populaires Quart Monde, c’est pour que la vie soit différente que des familles très pauvres ont pris l’initiative ou se sont engagées dans des initiatives citoyennes.

[1] Voir http://www.luttepauvrete.be/rapportbisannuel6.htm

[2] Voir http://www.atd-quartmonde.fr/La-mise-en-oeuvre-de-la-plateforme.html

[3] Voir http://www.associations21.org/Plaidoyer-pour-un-habitat-durable