Prendre les 20% les plus pauvres de la population comme référence

Éditorial

Les personnes vivant dans la pauvreté disent souvent qu’elles ne sont pas embauchées parce qu’elles viennent d’un quartier qui a mauvaise réputation ou bien que leurs enfants sont exclus de l’école.
Dès lors, une question essentielle est de s’assurer que les personnes, les familles les plus défavorisées bénéficient des politiques et ont accès à leurs droits et à des services de qualité.

Pour les participants du séminaire de Bruxelles, c’est une question clé, qui a suscité plusieurs interventions au niveau européen comme au niveau des pays en développement.

« Il est important de regarder quel est l’impact des politiques sur les plus pauvres. Par exemple, pour la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020, dans son volet lutte contre la pauvreté, un objectif global a été fixé, puis il a été décliné avec un objectif chiffré par pays. Dans un rapport récent, on voit clairement que certains États essayent d’atteindre leurs objectifs en faisant sortir du chômage ceux qui y sont depuis le moins longtemps, parce que c’est moins difficile d’obtenir leur remise au travail, et cela au risque, d’oublier les chômeurs de longue durée, voire ceux qui n’ont même plus droit aux allocations de chômage. » a expliqué Philippe Maystadt, alors président du Conseil fédéral belge du développement durable.

De son côté, Ingo Ritz, d’Action Mondiale Contre la Pauvreté, a témoigné : « J’ai travaillé pendant vingt ans au Bangladesh et en fait, les ONG ont constaté qu’environ 20% de la population ne participait pas aux programmes de développement, ni n’en bénéficiait, comme les programmes de micro-finance, qui ont toujours été mis en avant.
Au cours des dix dernières années, nous avons déployé des efforts considérables pour parler à ces personnes et comprendre leur situation. Et les situations étaient très variées, depuis les femmes adultes, des personnes handicapées, jusqu’à des populations autochtones ou encore aux Dalits, donc toute une variété de personnes.
Il a été dit que les OMD s’adressaient en priorité aux plus sont faciles à atteindre, donc je pense qu’il faudrait se concentrer sur la question suivante : Qui sont réellement les plus pauvres et comment les inclure pour qu’ils participent à leur propre développement, et surtout comment les atteindre ? Si nous ne gardons pas cette idée maîtresse à l’esprit, nous courons un grand danger de voir les pauvres réellement mis de côté. Nous devons vraiment garantir que ces 20% des plus pauvres participeront aux débats et il faut que cette participation se fasse de manière très explicite. 
 »

C’est pourquoi une des propositions importantes du séminaire est la suivante :
Quelle que soit la campagne ou l’action menée, les 20% les plus pauvres de la population devraient être considérés comme une référence pour évaluer l’efficacité des actions.

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Lire aussi : dans un discours récent « Un monde sans pauvreté est à notre portée« , le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a reconnu « qu’au cours des prochaines années, à mesure que nous avancerons vers cet objectif [accélérer la fin de l’extrême pauvreté], la tâche sera de plus en plus ardue, car les personnes encore pauvres seront les plus difficiles à atteindre. (…) »