L’impact de la pauvreté sur les femmes au Royaume-Uni

Article écrit par l’équipe d’ATD Quart Monde Royaume-Uni à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme.


Une rencontre au centre ATD Quart Monde Royaume-Uni

Le 3 mars dernier, seize femmes se sont réunies au centre ATD Quart Monde Royaume-Uni, à Londres, pour réfléchir ensemble à l’impact de la pauvreté sur la vie des jeunes filles et des femmes. La plupart ont abordé leur expérience personnelle. Est ressorti de l’échange le poids colossal des responsabilités portées par les femmes en situation de précarité qui rencontrent de grands obstacles pour faire face à l’oppression sociale.

Ces femmes ont fréquemment parlé de la manière dont elles survivent aux traumatismes et aux violences. Elles ont aussi partagé qu’on leur reproche souvent d’être des victimes. L’une d’entre elles a déclaré :

  • « Après avoir été victimes de violences, on ne nous accorde plus aucun respect. Nous ne sommes tout simplement plus valorisées. On nous rabaisse, on nous dit que c’était notre faute et que nous avons pris les mauvaises décisions. Pourtant, nous n’oublions jamais ce que cette personne nous a fait. On aurait aimé pouvoir protéger un peu mieux nos filles, mais on était figées, incapables de plus. J’ai même tenté de parler à la police, mais ils m’ont répondu « Oh, ce n’est qu’une dispute de couple! ». Ils m’ont fait me sentir si petite. »

Nous avons été frappés par le fait que les femmes qui ont été violentées montrent malgré tout un besoin profond  de donner de l’amour et de l’attention à l’autre même lorsqu’elles sont épuisées par les fardeaux qu’elles portent.

Nous avons lu les mots du collectif Cohambee River :

Si les femmes noires étaient libres, cela signifierait que toute autre personne devrait être libre dès lors que notre liberté entraînerait la destruction de tous les systèmes d’oppression.

Nous nous sommes toutes mises d’accord quant à l’importance cruciale d’écouter d’abord les filles et femmes les plus confrontées à l’exclusion sociale. Ce sont elles qui peuvent enseigner à notre société comment accéder collectivement à leurs droits.

Faire évoluer les mentalités

Une des participantes a partagé :

  • « Inclure tout le monde implique de prendre très au sérieux la première femme qui dit se sentir rejetée. Le pouvoir ne changeant pas de mains, il nous faut examiner attentivement qui a le plus de pouvoir pour écouter d’abord ceux et celles qui en ont le moins. »

Nous nous sommes également accordées sur le fait que nous tous·tes, indépendamment du revenu et du genre, sommes victimes de ce système oppressif dépourvu de compassion.

Une participante, à propos des « hommes blancs des beaux quartiers qui jouent avec nos vies », a insisté sur le fait qu’

« on ne peut pas se contenter de chercher l’égalité dans la société telle qu’elle est déjà façonnée. Il nous faut une révolution afin de changer les mentalités qui émettent des jugements. »

Une autre participante a parlé de la nécessité d’inclure des voix masculines en tant qu’alliées pouvant contribuer à créer un changement positif. Plusieurs participants ont également souligné l’importance d’arrêter de juger « autrui » en collant des étiquettes et au contraire de respecter les différences individuelles de chacun.

Changer le système

Ces femmes ont partagé de nombreuses expériences. Quelques autres échos de la conversation peuvent être mis en évidence :

  • « En allant pour la première fois à une réunion d’une association féministe, j’étais très enthousiaste. Je n’y suis pourtant jamais retournée, car elles étaient toutes si chics et je n’avais pas lu leurs livres. Elles m’ont effrayée. Le féminisme doit être plus inclusif. »
  •  « Si les personnes qui n’ont jamais été privées de quoi que ce soit peuvent manquer de compassion, c’est peut-être parce qu’elles ont simplement toujours été dans un cocon. Elles n’ont pas vécu les mêmes expériences que nous. »
  • « Lorsqu’on doit porter un uniforme pour le travail, en tant que femme, on finit toujours par devoir dépenser davantage que les hommes. En plus, il y a tellement de jugement sur notre habillement et comment on choisit de se présenter.« 

  • « Le tribunal des affaires familiales punit les mères qui sont dans des situations de violence domestique en leur retirant la garde de leurs enfants, alors qu’elles n’ont pas les moyens de quitter leur foyer et n’ont nulle part où aller. Il nous faut changer le système.« 
  • « Parler de « girl power », c’est méconnaître les limites rencontrées par les femmes en situation de précarité qui ne peuvent pas se permettre de s’absenter de leur travail pour participer à des marches de protestation. »
  • « Avoir ses règles a beau être naturel, cela nous coûte à toutes beaucoup d’argent chaque mois. Dans mon pays d’origine, de nombreuses jeunes filles ratent l’école quatre jours par mois pendant leurs règles car elles n’ont pas les moyens de s’acheter des protections hygiéniques.« 

  • « Les femmes en situation de précarité sont le maillon faible de notre société. Nous sommes réduites au silence par le système et la société jusqu’à la stagnation de nos
  • « On ne peut pas laisser le passé gâcher notre futur. Nous sommes ici aujourd’hui pour produire quelque chose de positif ensemble ! »

 

 

Après la discussion, nous avons préparé des pancartes pour la marche des femmes.

 

 

Pour voir les pancartes créées pendant cet événement et en savoir plus, rendez-vous sur l’article rédigé par Eva Carrillo Roas (en anglais).

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