Le poids d’une idée

Message de Noël

« Le monde changera un jour, parce que le message des enfants de la misère sera entendu. Et parce que ceux-ci prendront leur destin en main. » Joseph Wresinski

  • « Savez-vous combien pèse une idée ? Une idée pèse moins lourd qu’une table. Une idée pèse moins lourd qu’un petit bidon posé sur cette table. Une idée pèse moins lourd que l’air qui s’agite dans ce petit bidon. Ça ne pèse rien une idée. Une idée ça n’a qu’un poids, celui de l’existence. J’ai une idée donc j’existe. C’est ça le poids d’une idée. »
  • Ces mots viennent de Quentin, volontaire à Noisy-le-Grand, lorsqu’il prend du recul sur son action. La cité de promotion familiale y accueille des familles qui ne trouvaient leur place nulle part ailleurs. Certains enfants portent gravée en eux la certitude d’être des enfants terribles. Pourtant, en les côtoyant dans le quartier et au pivot culturel1, Quentin admire leur obstination qui les distingue des autres enfants qu’il connaît.
  • Il entend leurs idées. Pour lui, « ce ne sont pas des caprices mais des rêves qu’ils gardent d’une nuit à l’autre, semaine après semaine, parfois d’une année à l’autre. C’est impressionnant de constance pour des enfants qui vivent le plus souvent dans l’imprévu. »
  • Et Quentin raconte :
  • « Fin novembre, la nuit est tombée, je lis un livre avec Daniel. Sur une image, Daniel voit au pied d’une montagne une échoppe ouverte sur la rue, emplie de mets délicieux.
  • « J’ai une idée, s’exclame-t-il, pour Noël on va construire une maison et on va donner des glaces aux gens, dans la rue ! »
  • Je partage aussitôt son projet avec Hassane et Ousseyn, plongés dans Le plus grand livre du monde qui leur arrive au menton.
  • Tous les enfants s’y mettent. Nous construisons la maison.
  • Pendant trente jours Daniel n’aura de cesse de me répéter : « c’est mon idée, hein, c’est mon idée ?»
  • Cette maison c’est la gloire de son père, maçon désœuvré.
  • Lorsqu’on assemble les tasseaux, peint les cloisons, branche les ampoules, tous les jours que Dieu fait en décembre Daniel murmure « c’est mon idée ». Un bourdonnement très doux. « C’est mon idée. »
  • Les glaces se sont transformées en crêpes. Nous en cuisinons des centaines et quelques jours avant Noël, un mercredi, nous les distribuons aux passants, remplies de chocolat.
  • Qui saura le poids de l’idée de Daniel ? Quelle valeur pourrait-il avoir, lui, si son idée n’en a pas ?
  • Ce qui fait sa valeur, c’est qu’elle a été entendue. Que d’autres l’ont reconnue. Qu’elle s’est matérialisée dans une réalité concrète avec le concours de ses copains. Il n’y a pas de petite idée. Les enfants du pivot culturel ont des idées généreuses, ambitieuses, qu’ils nous demandent de prendre au sérieux pour se savoir capables de réussir.
  • Les vendredis, lorsque je raccompagne Daniel chez lui après avoir repris ses exercices de lecture de la semaine, il n’est pas rare qu’il me demande d’appeler au téléphone un fantôme, un ogre ou le Père Noël. S’il me le demande, c’est que les enfants continuent d’espérer des grands même lorsque ceux-ci les ont déçus.
  • Quoi que l’on fasse, nous avons toujours cette même responsabilité vis-à-vis d’eux : leur apprendre à ne plus avoir peur du monde, les rassurer qu’ils sont bien des Géants et que dans l’univers nous avons le même poids. »

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Cette histoire nous dit le sens attendu de nos actions auprès des enfants : créer, avoir des idées et les réaliser c’est avoir de l’espoir, donner une forme à sa vie. Nous proposons des activités, mais partir d’une relation construite avec eux, et inventer avec les enfants et leurs parents nous entraîne plus loin.

Quentin porte une attention toute particulière aux enfants qui font peur et font tourner les adultes en bourrique. En leur permettant de croire en eux-mêmes il leur ouvre l’espoir d’être demain des jeunes qui sortiront des filières spécialisées, apprendront un métier et trouveront leur place. Quand on parle de savoir, savoir qu’on est capable est le plus important.

Si Quentin gagne cela avec ces enfants, les relations au sein de leur groupe changeront et contribueront à changer la vie du quartier, au lieu d’avoir l’exclusion comme seule réponse.

Pour mener des actions de qualité auprès d’enfants nous avons besoin de soutien financier.

Merci chers amis et amies, une fois encore, d’apporter votre générosité.


Dessin : Cathy Pupin

 

  1. Animé par ATD Quart Monde, le pivot culturel est un espace de lecture, rencontre et création dédié aux enfants du quartier.

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