« Ce n’est pas quelque chose qui doit finir »

Une semaine d’animation dans le quartier de Xelcom, à Dakar.

ATD Quart Monde est lié à des familles habitant le quartier Xelcom dans la commune de Grand Yoff, depuis 2003. L’un des premiers membres du mouvement à avoir fait connaissance de ces familles disait à l’époque : « Elles viennent de milieu rural, chassées par les conditions qu’elles vivaient là-bas. Et au lieu de les encourager à grandir dans leurs activités, on vient seulement les déguerpir. Et les familles vivent dans cette peur constante. » Les années ont passé, le quartier s’est transformé, mais la précarité reste. Aujourd’hui, entre de grands immeubles, des familles vivent dans des baraques, ou dans des édifices en construction.

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C’est là que, dans la dernière semaine de septembre, un groupe de jeunes d’ATD Quart Monde a proposé une semaine d’animation. Pour plusieurs d’entre eux, c’était une première expérience. Ils se sont rendus chaque jour à Xelcom, apportant aux enfants ateliers, jeux, théâtre, danses…

Le début de la semaine n’a pas été si facile. Le lundi il a plu. Le mardi, seuls trois enfants se sont d’abord approché. Mais « c’est parce qu’on a osé faire des choses que ça a marché. On doit oser à l’avenir faire certaines choses même si tout n’est pas mis en place à l’avance » tirait comme leçon l’un des volontaires engagés à leurs côtés. Pour celui-ci, « on ne cherchait pas tellement les techniques d’animation mais à créer la fraternité, à devenir des professionnels de la fraternité ! »

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une semaine d’ateliers, théâtre et danse avec les enfants de Xelcom

Cette animation a mis tous les enfants ensemble, ceux des baraques, et ceux des étages. « C’est quelque chose qu’on a gagné. On a vu les enfants faire des sketchs ensemble. C’est une relation et une paix qu’on a créées ». « On a rejoint toute la communauté, ce qui fait qu’on ne pouvait même pas voir qui est très pauvre et qui ne l’est pas ».

Les après-midi étaient consacrées aux temps d’animation dans les quartiers. Mais dès le matin, les animateurs se donnaient rendez-vous pour réfléchir à l’action menée et préparer l’activité. C’est ainsi qu’ils prenaient conscience que « le fait de mélanger ces enfants qui ne vont pas à l’école avec les autres, c’est quelque chose, pour les années à venir, qui aide à mettre la communauté ensemble ». Par le partage de leurs observations, ils réfléchissaient aussi aux conditions de la participation : « Au début, tu voyais les gens regarder depuis les immeubles. » « Il y a une personne qu’on ne voyait que très rarement dans la rue avant. Mais là, je l’ai vue souvent ». Dans l’évaluation finale, certains animateurs relevaient les difficultés que des enfants de familles plus pauvres ont pour participer, notamment parce que des travaux qu’ils doivent accomplir pour aider leurs familles les retiennent. Mais ils savaient aussi nommer les savoir faire qui permettent de surmonter ces obstacles à la participation. Par exemple, « on préparait une scène de théâtre. Il y avait un enfant, on voulait vraiment qu’il soit là, et on a dû attendre jusqu’à 17 heures pour qu’il soit dedans ». C’est aussi ce que voulait dire une autre volontaire, expliquant « qu’on peut être créatifs pour trouver comment faire pour que toutes les familles soient considérées ».

Parmi les activités, les enfants ont aussi réfléchi par groupes sur la paix. Pour Mama T, « la paix, c’est de prendre quelqu’un comme soi-même ». « C’est d’être ensemble, de s’amuser, de rigoler » ajoute Marème. « Ce que je fais pour avoir la paix – explique Mama D., c’est de faire tout ce que ma maman m’a demandé de faire, et aussi de l’aider à faire la lessive, car c’est ça son travail ».

La pensée et la joie des enfants seront présentes lors de la célébration de la journée mondiale du refus de la misère, dans quelques jours. Le sketch et la chanson créés durant cette semaine seront montrés à tous, ainsi que leur tableau et messages.

La journée mondiale du refus de la misère sera marquée par une rencontre au centre Jacques Chirac de Pikine, le samedi 18 octobre à partir de 10h.

Au terme de la semaine, une mère de famille demandait : « Est-ce que ça va continuer ? Ce n’est pas quelque chose qui doit finir »…

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