Nous pouvons faire ensemble

Niek Tweehuijsen, volontaire aux Pays-Bas, dans son message pour le 17 octobre 2012, présente l’engagement de Paul dans le Mouvement ATD Quart Monde, un homme qui a connu la pauvreté depuis son enfance, et aujourd’hui agit dans son quartier et au plan national et international pour que personne ne reste seul à cause de la misère.

Chers amis,

Dans leur rapport intitulé : “Confiance aux citoyens”(mai 2012), le WRR (Conseil Scientifique pour la Politique du Gouvernement des Pays Bas) souligne que les citoyens et les travailleurs de première ligne ont une avance par rapport aux responsables politiques quand il s’agit de la connaissance du savoir d’expérience et que le gouvernement ne tient pas assez compte de cette connaissance.

L’ exemple suivant parle de ce « savoir d’expérience » dont parle le WWR. Il s’agit de l’action du Mouvement ATD Quart Monde et en plus particulier de l’engagement d’un de ses membres qu’on appelle ici Paul. Il connaît la pauvreté depuis l’enfance et à dû quitter l’école primaire pour soutenir sa famille en détresse.

Tout au long de l’année 2012 Paul et sa femme ont participé aux rencontres du Forum (Université Populaire) à Wijhe aux Pays Bas, où les participants échangent sur les faits de la vie des personnes vivant la pauvreté et où on cherche à formuler des réponses pour mettre fin à la souffrance de ceux qui subissent cette injustice et cette violence dans le pays.

Lors d’un Forum, Paul et sa femme se retrouvaient parmi une petite centaine d’autres participants qui, soit connaissent la pauvreté, soit veulent se battre à coté d’eux. Tous avaient préparés le sujet de l’échange dans leurs villes respectives. Cette fois il s’agissait du thème : « Qu’est ce qu’il faut pour vivre bien dans son quartier ? » Les contributions étaient impressionnantes surtout les témoignages sur la solitude et de l’exclusion. Paul avait aussi donné des exemples de la misère dans sa propre rue et avait décrit la honte de certains voisins causeé par la pauvreté et la peur pour les institutions sensées leur venir en aide.

Paul faisait également partie d’un groupe de préparation d’une journée de rencontre familiale où 200 personnes étaient attendues. Avec d’autres personnes, venus de Utrecht, de La Haye et d’Amersfoort, Paul a logé avec sa femme une semaine à la « ferme » ‘t Zwervel, centre de rencontre du Mouvement, pour préparer des stands, les salles, les jardins et les champs. Paul avait suggéré qu’il pourrait inviter des gens de sa rue pour leur montrer ce lieu qui incarne son idéal de rassembler des familles, jeunes et enfants pour combattre la pauvreté et la solitude. Le jour de la rencontre familiale une trentaine de personnes de son quartier était présente.

Paul a surpris encore. Juste une semaine après cette rencontre familiale à la ferme, il a, avec une vingtaine d’adultes de sa rue, préparé une fête dans son quartier avec des jeux pour des enfants. La musiques a été assurée par des jeunes et même quelques autres associations étaient présents.

Peu de temps après Paul a remarqué un article dans le journal qui est distribué gratuitement dans sa ville. Le Maire, son collègue et des conseillers municipaux invitaient des associations pour une table ronde. Les sujets à échanger étaient assez pertinents : « Est-ce qu’on voit que la pauvreté s’aggrave dans la ville, est-ce que la municipalité fait assez pour la combattre et qu’est-ce que la ville peut faire davantage  ? » Paul s’est inscrit et il a assisté à la rencontre avec d’autres représentants des associations et les dirigeants de sa ville. Quand est venu le tour de présentation des participants, Paul s’est dit représentant du Mouvement International ATD Quart Monde et a expliqué son appartenance en tant que quelqu’un qui a vécu la misère et ne veux pas rester les bras croisés.

A plusieurs reprises il a été invité par le président de l’assemblée à prendre la parole. Il a parlé de la honte, de la solitude et de la condition de vie des familles dans son quartier. Il a parlé du Forum comme un lieu de réflexion et de la ferme comme endroit où des gens peuvent recharger leurs batteries et apprendre qu’ils ne sont pas seuls à vivre des moments difficiles. Il a aussi parlé de la ferme comme un lieu où tout le monde peut apprendre à prendre la parole et où on est encouragé à défendre ceux qui ne sont pas représentés. Puis,… il a parlé d’une rencontre à Bruxelles à l’Union Européen où il faisait partie de la délégation et où les diplomates leurs avaient fait comprendre que la mobilisation contre la pauvreté doit commencer dans son propre pays, dans sa propre ville, avant que l’Europe puisse recevoir un mandat des états membres pour développer une véritable politique européenne de lutte contre la pauvreté.

En regardant en arrière, nous pouvons constater que Paul a pris à cœur cette invitation d’agir dans son propre pays, son propre quartier, en mobilisant des gens de son entourage. Il a su transformer la réflexion commune lors du Forum en action, en créant la fête dans son quartier. Il a su casser la solitude de certains dans son quartier, malgré le fait qu’il connaît lui même encore des grandes difficultés dans sa propre vie. Il a pu profiter des moments privilègiés de calme à la ferme pour gagner de la force pour agir.

En pratiquant la prise de parole dans le Forum, il a gagné de l’assurance pour se confronter avec les dirigeants de sa ville. Paul, grâce a son appartenance à un réseau de lutte contre la misère, a été pris au sérieux et a montré qu’on peut apporter ce « savoir d’expérience », dont parle le WWR dans son rapport.

En vous écrivant cette histoire, qui s’est déroulée cette année, j’aurais pu parler de tant d’autres qui ont trouvé la force à la ferme, dans les groupes locaux, dans le Forum ou encore dans les rassemblements internationaux.

   « On doit lutter ensemble, main dans la main, aller voir maintenant notre Gouvernement pour lui dire, avec des preuves, qu’il y a de la pauvreté. On va certainement entendre à nouveau : « Nous aimons faire plus, mais nous ne pouvons pas faire tout. » Mais là nous pouvons répondre que nous pouvons faire ensemble. Il faut aller vers les autres qui sont encore seuls et dire : « Allez, n’aie pas peur, on lutte ensemble ». Paul.

Amitiës,
Niek Tweehuijsen, volontaire aux Pays-Bas