Nous avons montré que nous ne voulions plus vivre ainsi

Doña Xiomara Lizeth Mejilla habite depuis 24 ans à Nueva Suyapa, près de Tegucigalpa, la capitale du Honduras. Elle témoigne des efforts des habitants pour faire face à la dégradation de l’environnement dans son quartier.

« L’année dernière, un torrent a emporté un membre de notre famille. Nous l’avons trouvé 20 km en contrebas, sous un pont, mort. C’est à cause de l’eau, parce que maintenant le fleuve croît trop. Je pense que tout cela est dû au fait que nous détruisons l’environnement. Lorsque des gens s’installent ici, ils doivent couper des arbres pour se faire une place. Certaines personnes les coupent et c’est tout ! D’autres pensent différemment. Si je coupe un arbre chez moi, je dois en planter un autre, pour le futur, car les arbres retiennent la terre. La déforestation fait qu’il fait très chaud en été et qu’il pleut beaucoup en hiver. L’eau est un ennemi permanent, parce que beaucoup d’eau ramollit la terre, et les maisons en torchis comme la mienne sont susceptibles de tomber.

Notre maison est tombée en 1998, lors de l’ouragan Mitch qui a affecté énormément ma situation économique et morale. Nous n’avions plus d’argent et nous devions attendre les aides. Nous devions rester là, à écouter, sans le droit de donner notre avis.

Les personnes qui arrivent pour vivre ici sont celles qui n’ont pas d’autre choix d’un lieu plus sûr. Elles viennent d’endroits où il n’y a pas non plus d’eau, d’électricité, etc. Elles essaient d’aller en ville et se retrouvent ici un jour, comme moi. Moi qui travaille, je sens que ma situation économique est très dure.

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Maison de Doña Xiomara Lizeth Mejilla et sa famille

Les hommes politiques ne savent pas ce que c’est de vivre dans un quartier pauvre avec seulement un lit, deux lits, une seule pièce dans laquelle on dort, on cuisine et on reçoit les invités.

Avec des voisins, nous avons construit des renforts en ciment pour retenir la terre. Cela fait l’admiration des habitants. Nous avons aussi nettoyé des caniveaux. Un groupe de 20 personnes a été formé, dont 15 femmes. Nous avons montré que nous ne voulions plus vivre ainsi. J’aimerais aller nettoyer le ruisseau où, quand on n’a plus d’eau, on descend pour faire la lessive, prendre notre bain, prendre de l’eau pour faire la cuisine. Mais si personne ne vous soutient, alors vous restez là, seul avec la bonne intention. »

Propos recueillis par Cíntia de Carvalhaes et traduits par Leslye Abarca.