« Les très pauvres votent front national » FAUX !

article d’ATD Quart Monde France : atd-quartmonde.fr

Après le résultat des élections européennes qui voit le Front National (parti d’extrême droite en France) connaître un score historique, nous tenons à tordre le cou à certaines idées reçues. Non, la montée du front national n’est pas due aux personnes en situation de grande pauvreté.

« Les pauvres votent Front National » : Pas si simple.

La précarité favorise le vote extrême, mais les personnes en situation de précarité votent globalement plus à gauche qu’à droite. La précarité a effectivement favorisé en avril 2012 Marine Le Pen (FN), qui a doublé son score chez les électeurs les plus précaires (20%) par rapport aux plus favorisés (11%). Mais, davantage encore que la dernière catégorie des plus précaires, c’est l’avant-dernière catégorie de ceux-ci qui a le plus voté Le Pen (24%), ceux qui ont un petit patrimoine, possèdent parfois leur logement, ont un statut et craignent de le perdre. Par ailleurs, lors de l’élection présidentielle d’avril 2012, les personnes les plus précaires ont voté plus à gauche, au premier comme au second tour, que toutes les autres couches de la population. [1]

« Les pauvres se désintéressent de la politique » : Faux.

67% des personnes les plus précaires interrogées dans le cadre de l’enquête préélectorale TNS Sofres – TriÉlec disaient avoir de très fortes intentions de voter au scrutin présidentiel d’avril 2012. C’est moins que pour les personnes plus favorisées, bien sûr, mais cela montre que le lien avec la politique résiste à l’insécurité économique, à l’isolement social et à la stigmatisation rencontrés par les personnes en précarité, alors même que les débats politiques abordent peu, en général, les questions qui les concernent directement. Précisons que la France est un des pays du monde où les conditions d’inscription sur les listes électorales sont les plus compliquées. Pourquoi ne pourrait-on s’inscrire jusqu’à dix jours avant une élection au lieu de devoir le faire avant le 31 décembre de l’année précédente ?

À vous la parole

Rassemblez quelques personnes – en particulier parmi celles qui s’expriment rarement – et essayez de répondre ensemble aux questions suivantes :

  • Avez-vous déjà eu la possibilité de dialoguer avec le maire ou un autre élu ? Comment cela s’est-il passé ?
  • De quel sujet aimeriez-vous parler avec les élus de votre commune ?
  • De quelle manière ou dans quels lieux pourriez-vous le faire ?
  • Pensez-vous que les élus attendent quelque chose de nous, les citoyens ?

Merci à l’Université populaire Quart Monde Grand Sud-Ouest qui a conçu ces questions en vue de sa rencontre du 30 novembre dernier à Bordeaux sur le thème « Se rencontrer entre élus et citoyens. »

Adressez vos réponses à ou Feuille de route, ATD Quart Monde, 33 rue Bergère, 75009 Paris.

dans la presse : interview de Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique, Social et Environnemental : « L’Europe n’est pas un problème, elle est une solution »« .

[1] Voir l’étude de Nonna Mayer du CEVIPOF