Dans les cicatrices de la ville

Un livre de nouvelles sur le Guatemala vient de paraître aux Editions Quart Monde. Son auteur, Jaime Solo, a vécu 5 ans avec sa famille au Guatemala comme volontaire permanent, là où ATD Quart Monde mène des actions éducatives et culturelles depuis 25 ans, et a côtoyé au quotidien les personnes qui inspirent ces récits.

dessins : Jean-Pierre Beyeler, « le basurero » et la bibliothèque de rue à Amparo, près de la décharge de la ville de Guatemala.

De la décharge à ordures, des hommes, de l’humanité et de la beauté.

Jaime Solo nous livre dans ces 28 tranches de vie, des tableaux déchirants, où il met en lumière la recherche acharnée de dignité, même dans les conditions inhumaines infligées par la pauvreté.

Ces nouvelles regorgent de couleurs et de senteurs qui transportent le lecteur en Amérique latine, dans cette gigantesque décharge au Guatemala où se retrouvent parqués des hommes, des femmes et des enfants. La faim, la maladie, la mort hantent tous ces personnages, mais l’espoir n’est jamais loin… L’espoir d’«un jour sans faim », d’avoir enfin des «maisons de rêve» et la prétention que leurs enfants ne vivent pas comme eux.

Dans les cicatrices de la ville raconte, à la manière de Juan Rulfo, le territoire d’un peuple exclu. Il passe en revue ceux dont on ne connaît ni la voix, ni la mémoire : « dans ces cicatrices de la ville, l’humanité saigne. »

Extrait de la nouvelle «La fête des savoirs»

« Rien de ce que nous voyons cet après-midi ne nous parle de doña Chinta, ni de son balai de palmes avec lequel elle a scrupuleusement préparé le terrain. Elle a balayé la terre craquelée par le soleil du matin, qu’irrémédiablement la pluie du soir rendra à la gadoue. Elle a chassé les animaux de la maison. Elle est allée demander un peu d’eau pour que le piétinement des gamins ne soulève pas trop de poussière. [… ] Fière d’accueillir [la bibliothèque de rue] devant sa maison. Bien que ses filles n’aillent pas à l’école ou que chez elle il n’y ait pas d’étagère pour des livres, ni même de livres. »

Dans les cicatrices de la ville, Jaime Solo
Éditions Quart Monde, 135 p., 9 euros
Traduit de l’espagnol par Michel Bibard, traducteur de Le tunnel et Avant la fin de Ernesto Sábato (Le Seuil), Conversations à Buenos Aires entre Jorge Luis Borges et Ernesto Sábato (1 0/1 8), entre autres.

La maquette de couverture a été réalisée par Clotilde Chevalier, graphiste et alliée d’ATD Quart Monde,  sur un dessin de Jean-Pierre Beyeler.