A Paris un village éphémère pour dire «stop à la pauvreté»

A quelques jours de la 30ème Journée mondiale du refus de la misère, le village ATD Quart Monde s’ouvre les 14 et 15 octobre à toutes sortes d’initiatives pour vivre une société autrement. Au cœur de Paris, un village de toiles blanches occupe la place de la République, avec un mot d’ordre : « stop à la pauvreté ».

Toutes les personnes sur place refusent la fatalité de la pauvreté. Des exemples de personnes vivant dans une très grande précarité sont exposés dans les différents stands, autour de neuf thématiques différentes parmi lesquels les droits au travail et au logement, mais également l’accès à la santé ou encore à l’éducation en passant par l’action solidaire.

Didier Goubert, directeur de TAE – Travailler et Apprendre Ensemble – est aussi animateur de la réflexion territoriale « Zéro chômeur de longue durée » au sein d’ATD Quart Monde. Il rappelle que la pauvreté regroupe un ensemble d’éléments pas forcément exclusifs : « c’est la privatisation de plusieurs droits. Le droit à l’école, le droit à la santé, le droit au logement, le droit au travail, le droit à la culture… Et à partir du moment où vous êtes privés de ça, vous êtes en situation de misère ».

Une espérance de vie réduite

Aux yeux du militant, si « effectivement, les gens ne meurent plus de faim aujourd’hui, en revanche, ils se nourrissent mal ». Peut-être plus grave encore, « l’espérance de vie [est] beaucoup plus faible » chez les victimes de la misère que dans le reste de la population. Par exemple, dans sa structure « il est rare que les salariés venant de la grande précarité arrivent à la retraite. En général ils décèdent avant ». La raison ? « Simplement parce que leur vie a été tellement difficile auparavant, que malheureusement leur santé est défaillante ».

« La misère aujourd’hui c’est ça » souligne le travailleur associatif. Afin de lutter contre « ce que nous essayons de faire fondamentalement c’est faire en sorte que les gens se rencontrent ».

D’où l’idée de ce village. Ce n’est plus une association qui mène un projet pour les plus pauvres mais plutôt un projet avec et autour des plus démunis. Parmi ces militants du quotidien, on retrouve Cathy, la quarantaine. Il y a six ans encore, elle était à la rue, avant de rejoindre TAE.

Se battre et lutter contre les préjugés

« Ma vie a été très bousculée. J’ai été sans domicile pendant un bon moment. La journée j’étais dans la rue et le soir j’appelais le 115 pour qu’ils viennent me chercher. » Battante, Cathy est « toujours retombée sur [ses] pieds ». Elle a cherché « des moyens d’aller dans les foyers » et du travail, quel qu’il soit. Elle a été « agent RATP, fait [du] ménage, [a] travaillé dans les collèges, dans les cuisines de cantines », avant, enfin, de connaître TAE qui l’a embauchée.

Cette quadragénaire insiste sur l’obligation de « bouger » : « j’ai eu de la volonté parce que je suis une femme et j’ai peur dans la rue. Les gens ont la possibilité de s’en sortir s’ils le veulent. Moi, j’ai un caractère assez fort, dont je sais retomber sur mes pieds ». Preuve en est qu’elle est aujourd’hui en contrat à temps indéterminé chez TAE.

A présent, elle « voudrait démontrer aux patrons qu’il faut qu’ils arrêtent leurs préjugés. Il faut qu’ils ouvrent un peu leurs portes aux gens qui ont des difficultés. Et après tout est gagné quoi ».

Cet article est paru sur le site de Radio France Internationale.