Une consultation pour construire ensemble le 17 octobre

Article écrit par Thomas Pizard et Marina Mingot, volontaires permanent·e·s et actuellement membres de l’équipe du Forum du Refus de la Misère du Mouvement international ATD Quart Monde.

Chaque année, un processus de consultation participatif prend en compte la voix de personnes qui résistent au quotidien face à la misère et de celles et ceux qui s’engagent à leurs côtés. Cette consultation permet de recueillir différents points de vue venus du monde entier avec le but de choisir le thème du 17 octobre. Cette consultation sert aussi à élaborer la note conceptuelle qui accompagne le thème choisi.

La consultation : un outil pour construire ensemble le 17 octobre

Comme l’explique Emma, militante Quart Monde de Bolivie :

« Nous, les personnes qui vivons dans la pauvreté, avons une intelligence et une connaissance de la vie et même si beaucoup de gens nous ignorent, nous luttons toujours pour que notre vie soit meilleure. »

La consultation permet de recueillir différents points de vue, à commencer par ceux des personnes en situation de grande pauvreté et d’autres, engagées avec elles, pour construire le thème du 17 octobre à partir de leurs expériences et de leurs intelligences. Elle est organisée chaque année par le Forum du refus de la misère à la demande du Comité international 17 octobre dont la mission est de faire connaître et reconnaître la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté et de veiller à ce que l’esprit qui l’anime soit respecté.

Après un dialogue entre différentes équipes du Mouvement ATD Quart Monde (chargés du plaidoyer et de la représentation auprès des Nations Unies) et le Comité international 17 Octobre pour imaginer plusieurs thèmes possibles, un questionnaire est construit et diffusé par le Forum au sein d’un vaste réseau des personnes, collectifs ou associations engagées à travers le monde au quotidien auprès des plus pauvres.

Depuis plus de 40 ans, le Forum du refus de la misère entretient des liens d’amitié avec des personnes qui travaillent pour un monde libéré de la misère. Il ne s’agit pas de liens de partenariat ou de coopération, mais de liens d’amitié où le point d’union est l’engagement. L’expérience commune est celle de respecter et ne jamais culpabiliser les personnes qui vivent l’expérience de la pauvreté.

Ce que toutes ces personnes gagnent ensemble est de s’inspirer et se donner de la force en partageant leurs expériences et motivations profondes. Ce pour quoi cette consultation est assez unique, c’est que les personnes qui donnent leur contribution résistent quotidiennement face à la violence de la misère. Les réponses rassemblées font l’objet d’une synthèse à partir de laquelle le thème final de la Journée est choisi. Cette consultation s’ancre peu à peu dans la mobilisation autour du 17 octobre sur le terrain et dans l’agenda des partenaires du Mouvement ATD Quart Monde. Cette année, elle a rassemblé plus de 112 contributions dont plusieurs ont été préparées collectivement. Cela représente plus de 200 personnes de 38 pays différents.

La présidente du Comité International 17 Octobre s’inspire particulièrement de cette consultation pour écrire chaque année la note de concept qui est repris par des nombreuses personnes, associations, institutions et personnalités à l’occasion de la Journée Internationale.

  • « En 2021, la communauté des institutions internationales voulait travailler sur le thème de “mieux reconstruire” mais les membres du Forum du refus de la misère à travers le monde ont resitué le vrai enjeu qui est celui de “construire l’avenir nous rappelle un membre de l’équipe du Forum.

Le 17 octobre, à la source d’un combat universel

Le 17 octobre 1987, des milliers d’hommes et de femmes, des citoyen·ne·s et des militant·e·s engagé·e·s pour le respect des droits humains se sont rassemblés à Paris sur le parvis des libertés et des droits de l’Homme au Trocadéro à l’appel du Mouvement ATD Quart Monde et de son fondateur, Joseph Wresinski. Ces personnes se sont rassemblées pour dire non à la misère, refuser sa fatalité et pour formuler l’espoir d’un monde de justice et de paix, libéré du poids des injustices et des souffrances qu’elles engendrent. Elles ont donné naissance à la Journée mondiale du refus de la misère reconnue depuis 1992 par l’Organisation des Nations Unies comme Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Ce jour où nous nous tenons aux côtés de ceux que l’on n’entend pas d’habitude pour donner de la force à leurs voix nous permet de sentir que ce combat qui nous rassemble pour le respect de la dignité est un combat universel.

Travail décent et protection sociale : mettons la dignité en action !

La dignité en action est le thème commun qui a été choisi pour 2022 et 2023. Ce cycle de deux ans marque le 30e anniversaire de la reconnaissance par les Nations Unies du 17 octobre comme Journée internationale. En 2023, le Comité international propose de mettre l’accent sur le travail décent et la protection sociale et sur la manière dont ils sont essentiels pour mettre la “dignité en action”.

“Un travail, c’est ce qui débloque tout, l’argent, le logement, le sens de la vie” nous dit Laura, jeune militante Quart Monde en France. Un travail qui respecte la dignité des personnes s’attaque aux dimensions cachées de la pauvreté (la maltraitance sociale et institutionnelle, les contributions non reconnues qui privent de la capacité d’agir sur sa vie et dans sa communauté, les souffrances) et s’attache à donner de la confiance pour bâtir l’avenir. C’est un levier pour mettre fin à la grande pauvreté, combattre l’exclusion et promouvoir la cohésion en faisant des plus pauvres des partenaires à part entière.

Des membres de l’association Mati au Bangladesh expliquent :

“La meilleure façon de parvenir à l’accès de tous·tes aux droits de tous·tes est de faire participer les personnes vivant dans la pauvreté, en les incluant dans la conception des projets et en écoutant leurs préoccupations.”

Les acteurs d’un monde qui respecte la dignité de toutes et tous ont maintenant deux rendez-vous dans l’année, l’un pour donner leur avis sur les thèmes qui font bouger les institutions internationales en début d’année pour la Consultation ; et l’autre, pour fêter nos engagements et hausser la voix pour dire leurs efforts pour résister à la misère et mettre ainsi la dignité en action.

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