Retour sur le 17 octobre au Burkina Faso

Journée mondiale du refus de la misère à Manega, au Burkina-Faso, le 17 octobre – Linda Schweitzer-Lestien volontaire de l’équipe ATD Quart Monde, raconte la journée qui ouvrait 3 jours de festivité (projection du film Joseph l’insoumis le 18 et conférence-débat à Ouagadougou le 20 octobre).

Nous étions 300 à Manéga, sur la Dalle Africaine du Quart-Monde autour du thème : «Même dans la misère un homme a des idées. Ensemble, construisons une société qui respecte la dignité de chacun». Témoignages, sketch, musique, intervention de différentes associations et du représentant de la Ministre de l’Action Sociale étaient au programme.

Chacun a mis l’empreinte de sa main sur la banderole Stop Pauvreté, puis nous avons marché ensemble vers la Dalle. Nous sommes partis à midi sur la Dalle, car c’est l’heure où seuls les plus pauvres sont obligés de travailler sous le soleil. Dans cette marche nous sommes partis au pas des plus faibles, personne n’est devant, personne n’est laissé en arrière, nous sommes ensemble !

Message des militants lu sur la Dalle Africaine du Quart Monde par Moïse Compaoré

 

MESSAGE DES MILITANTS D’ATD QUART MONDE DU BURKINA FASO A L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DU REFUS DE LA MISÈRE, 17 OCTOBRE 2017.

Distingués invités, chers frères et sœurs, bonjour.

Nous « militants » d’ATD Quart Monde du Burkina Faso, avons une joie très profonde de pouvoir célébrer aujourd’hui avec vous tous la journée mondiale du refus de la misère.

Pour rappel, le thème choisi cette année est : « Même dans la misère un pauvre a idées. Ensemble, construisons une société qui respecte la dignité de chacun ». En rapport avec ce thème, nous pouvons dire que c’est par des rencontres que nous arrivons à bâtir nos idées.

Avant nous ne comptions pour personne, mais aujourd’hui, grâce à nos rencontres, nous sommes heureux d’être pris en compte. On nous appelle même des militants. Il y a des avancées dans notre lutte.  Dans nos manières de faire et d’agir il y a un changement.

Nos rencontres c’est notre université. Elles nous apportent beaucoup d’humilité, d’intelligence et de sagesse. Les mossis disent c’est à travers les autres qu’on acquière de l’intelligence.
En étant ensemble, nous formons une famille. Une famille qui permet à chacun de se sentir écouté, considéré et respecté. Une famille où l’idée de chacun a sa place. Nous nous prodiguons mutuellement des conseils pour nous encourager dans notre lutte quotidienne contre la misère au sein de la communauté. « Si vous êtes distants l’un de l’autre vous vous jetez des pierres. C’est parce qu’on ne s’assoit pas ensemble qu’on ne se comprend pas ».
De fois, notre engagement est mal compris par des personnes qui nous entourent. Elles pensent que nous nous réunissons pour gagner de l’argent. Non, à travers nos rencontres nous ne recevons pas d’argent, mais elles nous permettent d’acquérir des idées qui peuvent aider un pauvre à garder espoir, un riche à voir autrement.

Avant, nous avions des difficultés à pouvoir parler, mais aujourd’hui nous sommes en mesure de nous exprimer devant un grand public. « Avant je ne savais parler, mais aujourd’hui je suis devenue la RFI. Avant je m’énervais vite car je ne pouvais pas parler, maintenant je me maîtrise mieux ».

Face aux difficultés quotidiennes de la vie, nos rencontres nous permettent de toujours  garder espoir. Nous voulons que nos idées soient reconnues par l’humanité entière comme des idées qui peuvent changer le monde, des idées qui contribuent au développement de nos communautés et notre pays.

Distingués invités, chers frères et sœurs, il n’est de personne sans valeur dans ce monde, le pauvre a besoin du riche et le riche a besoin du pauvre. Tenons-nous main dans la main pour arriver à bâtir une société qui respecte la dignité de chacun. »

Sketch : « Le vieux qui tressait des cordes » Un vieil homme ramasse des sachets par terre et tout le monde se moque de lui « Vieux, dégage, va faire un vrai travail ! Tu gâtes le coin ! Eh Vieux, il faut te respecter ! ». Mais il continue à ramasser et s’installe pour tresser une corde avec les sachets de riz qu’il a récoltés. Soudain, tout le village arrive « Au secours, un enfant est tombé dans un puits, il faut une corde ! » Le vieux donne la corde et l’enfant peut être sauvé. Tout le village vient remercier le vieux et s’excuser de l’avoir insulté. « Il n’y a pas d’homme sans valeur, nous sommes pauvres, mais nous avons des idées, qui peuvent aussi aider la communauté »
Mot d’accueil du Vieux André Compaoré, doyen du Mouvement au Burkina-Faso, qui a inspiré le thème de cette année « Même dans la misère, un homme a des idées, si on n’écoute pas ses idées, il s’enfonce encore plus dans la misère; ». Avec une sculpture représentant le père Joseph Wresinski, par Florent Bambara
Z’Alass, Mano-Fils, Jahwambuga et Général Goubson ont ambiancé toute l’assemblée avec leur chanson : Stop à la pauvreté/Agir tous pour la dignité/Même dans la misère un homme a des idées/Il faut les écouter !