110 % d’enfants inscrits à l’école | Vidéo

Paul Maréchal, volontaire permanent d’ATD Quart Monde au Guatemala, nous raconte le combat mené pour que les enfants des familles vivant dans les bidonvilles puissent aller à l’école.

Cette histoire est issue du recueil des 1001 histoires, retrouvez en d’autres à découvrir ici

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Quand nous étions avec les familles dans les bidonvilles au Guatemala, elles nous disaient deux choses. La première, c’est qu’on ne veut pas que nos enfants vivent ce que nous avons vécu, on ne veut pas qu’ils vivent cette misère. La seconde, c’est que la seule chose qu’on peut laisser en héritage à nos enfants, c’est l’éducation.

Donc avec elles, on s’est dit il faut qu’on se batte pour que les enfants puissent aller à l’école, y rester et y réussir. Donc avec elles et avec les enseignants de ces bidonvilles, on va essayer d’identifier les obstacles, d’abord parce que les enfants n’étaient pas enregistrés à l’état civil, ou parce qu’il y avait des obstacles financiers (l’inscription à l’école, l’uniforme, les fournitures) et puis aussi la peur, l’humiliation pour des enfants qui n’étaient jamais allés à l’école et des parents qui ne savaient pas ce que c’était que l’école.

(…) Alors, avec les familles, on a réfléchi à quels étaient les obstacles mais on a aussi expérimenté. Donc avec elles, on a mené un projet-pilote sur lever tous ces obstacles. On était dans un quotidien mais aussi avec des bibliothèques de rue, du soutien scolaire, des liens et des réunions avec les parents. Il y a une maman qui a été élue parent d’élèves dans son école, alors qu’elle était d’un milieu très très pauvre et très exclu.
Action de soutien scolaire à Escuintla (Guatemala) en 2007 — photo © ATD Quart Monde

Le mouvement d’abord a fait des liens avec ces familles et avec les enseignants du quartier, et ensuite avec d’autres associations qui luttaient soit pour les droits de l’enfant soit pour l’éducation en général, et ces associations nous ont aidés aussi à avoir une visibilité, à nous permettre de rencontrer le rapporteur des Nations Unies pour l’éducation, à faire une table ronde avec des journalistes. Donc on l’a mené en s’appuyant et grâce à d’autres, mais avec cette spécificité d’être très proches des familles et de travailler vraiment directement avec elles.

Et à partir de ce travail qu’on a fait avec les enseignants, avec les familles, on a fait des propositions de politiques publiques, pour le Guatemala, des politiques éducatives et on a rencontré avec les familles les candidats à la présidentielle. Après les élections on a rencontré le Ministre de l’éducation, plusieurs fois, et aussi avec d’autres associations pour se faire entendre, et on a pu gagner un accord gouvernemental qui a fait que l’école a été confirmée comme étant gratuite au Guatemala et avec l’importance aussi qu’on ne soit pas obligé d’être inscrit à l’état civil pour s’inscrire à l’école.

Ce qui fait que les enfants qui avaient disparu, qui n’existaient pas, ni juridiquement, ni… en fait ils ont pu s’inscrire à l’école l’année d’après. Et alors que le Guatemala, dans certains bidonvilles, pensait avoir 98% de couverture scolaire, on s’est rendu compte l’année d’après qu’en fait on montait à 110%, simplement parce qu’il y avait des enfants qui étaient apparus et qui étaient pas dans les statistiques.

Et ce projet aussi qui a permis d’arriver à un accord gouvernemental sur la gratuité de l’école et l’accès des enfants même s’ils ne sont pas enregistrés, non seulement il a touché les 600 enfants avec qui on était présents tous les jours, mais il a aussi touché 3 millions d’enfants qui, au Guatemala, avaient des difficultés pour aller à l’école. Alors, ça ne résout pas tout, mais ça a donné un signe d’espoir pour pleins de familles qui se sont dits “l’école c’est aussi pour nous”.