Revue Quart Monde n° 242 | Jours de fête

Trimestriel – n° 242 – 8 € – 10 FS – 11 $CAN
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Introduction

Par Martine Hosselet-Herbignat

Elle n’aurait manqué sous aucun prétexte une Université populaire
Quart Monde, celle que nous appelions avec respect et amitié Mamie Bella. Déjà âgée, elle arrivait de sa démarche claudicante, laissant derrière elle une cité de logements délabrés, et suivait les débats en hochant la tête, parlant peu, n’ayant jamais fréquenté l’école.
Un jour que nous parlions en plus petit comité de ce qui nous
gardait debout malgré les épreuves, elle nous confia :
« Tous les matins, j’ouvre mes volets, je laisse entrer le soleil, et je dis : merci que je suis toujours en vie… »
Ces paroles de Mamie Bella disent-elles autre chose que les
bases de sagesse développées dans ce dossier par Alexandre
Jollien ? Célébrer la vie dans son for intérieur, mais également
célébrer ensemble, malgré – et peut-être d’ailleurs en raison – des
difficultés de la vie, est d’une urgence vitale.
Quand les enfants ont été retirés à la famille, disent des participants
à l’UPQM de Caen, on n’a pas envie de se distraire, de voir des
gens. Pourtant si d’autres nous entraînent à un match de foot ou à
la fête des Voisins, on réussit à oublier nos soucis pour un moment.
Ces jours de fête volés à la survie quotidienne ne sont en rien des
« cache-misère ». Ils permettent de se reconnecter en profondeur
au terreau d’humanité présent en chaque être, fût-il le plus abîmé,
et de se sentir membre à part entière de la communauté humaine.
Une communauté humaine « hors frontières » puisque la même
joie s’exprime sur tous les continents. Chez ceux qui habitent sous
les ponts, dans les cimetières en Asie, et qui découvrent la mer,
les jeux de plage, ou un Musée accueillant tous les enfants sans
distinction. Chez les enfants migrants vivant à l’hôtel ou dans la
rue, qui chantent ensemble chaque semaine à Nancy. Parmi les
familles exclues en Suisse, en France, se retrouvant pour un temps
convivial et d’expression créative. Ou dans un quartier « mal-né »
et mal développé à Naples, quand les courées sont envahies pour
une fois, non par la violence, mais par la musique et les flonflons
d’un carnaval que tous ont préparé depuis des mois, …
Pour qu’une fête soit réussie, les conditions à réunir ne peuvent
pourtant pas être laissées au hasard : il faut « que chaque personne
présente trouve sa place et se sente aimée », « que tout le monde
mette la main à la pâte », car « aider à préparer, c’est déjà entrer dans
la fête ». Alors, chacun peut se laisser « contaminer », entrouvrir
l’accès à une autre réalité possible, plus fraternelle, se refaire des
forces, renouveler son courage, en un mot « se sentir toujours en
vie » et capable de faire face demain aux nouveaux défis qui se
présenteront.

Au sommaire

ÉDITORIAL
Isabelle Pypaert Perrin : « questions graves et joie partagée »

DOSSIER
Introduit par M. Hosselet-Herbignat : « jours de fête »
Alain Souchard : « sur les plages du golfe de Thaïlande »
UPQM de Caen : « Vous êtes tous invités ! »
Joseph Lullien : « La fête à l’arche »
Martina Pignataro, Emma Ferulano : « Naples : un carnaval de quartier qui fait école »
Marie-Odile Bordeaux Novert : « L’universel quotidien »
Nina Lim-Yuson : « un festival d’art pour les enfants »
Érica Forney : « des heures de joyeuse rencontre »
Jacqueline Page : « dans le mystère de la création »
Étienne PetIgand : « des enfants qui enchantent le monde »
Alexandre Jollien :  « le chaos et l’étoile qui danse »

ECOUTER VOIR
Bella Lehmann-Berdugo, Bernard Declercq, Marie-Hélène Dacos-Burgues : films : « Tempête de sable, De sas en sas,
Enfants du Hasard, Un paese du Calabria »

RECHERCHE
Michaël Goujon : « Pauvreté, environnement et développement »

FONDAMENTALES
Michel Lansard : « Joseph, mon ami »

REVUE DE PRESSE
« Une communauté humaine sans frontière »