Retour sur la plénière du 14 février au Conseil Économique Social et Environnemental

« 30 ans de lutte contre la pauvreté : et maintenant ? »

Séance plénière au Conseil Économique, Social, et Environnemental, Palais d’Iéna, 14 février 2017

Pour marquer le trentième anniversaire du rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », rapporté par Joseph Wresinski et adopté par le Conseil en 1987, une séance plénière a été organisée au Palais d’Iéna le Mardi 14 février 2017. Animée par la conseillère Marie-Claire Martel, elle a été marquée par de nombreuses interventions. En premier lieu, celle du Président de la République, qui a rappelé le rôle fondamental de l’État dans la lutte contre la pauvreté.

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Plusieurs acteurs associatifs et syndicaux de premier plan ont réitéré leur engagement dans ce combat de longue haleine, et retracèrent le parcours collaboratif de ces trente dernières années, chacun dans le secteur de leur spécialité, avec comme référence commune le rapport Wresinski.

Des monographies extraites du rapport furent aussi lues avec émotion par l’acteur Michael Lonsdale, accompagné d’une violoncelliste, d’une harpiste et d’une cantatrice de l’ensemble Jubiléo. Cette intervention mit en lumière non seulement la dimension personnelle des problèmes traités par le rapport, mais aussi leur actualité criante.

Suivirent trois tables rondes, abordant les différents impacts du rapport, à l’aune des droits sociaux (logement, santé, protection sociale, éducation et culture), de l’économie humaine (travail, emploi, environnement), et des instances nationales, européennes et internationales.

Enfin, ces interventions et discussions aboutirent à un projet de résolution, présenté par le président du Conseil, M. Patrick Bernasconi. Celui-ci souligna la nécessité d’aller « au-delà de la commémoration » et de « placer résolument l’institution dans l’action sur cette thématique de la grande pauvreté ». Il nota que c’était la première fois qu’une résolution émergeait du CESE dans son ensemble plutôt que d’une section de travail particulière, ce qui rappelle l’importance et l’urgence du sujet.

Cette résolution s’attache à réitérer la nécessité fondamentale de l’évaluation des politiques publiques (à toutes les échelles, de l’autorité régionale à l’organisation internationale) à l’aune de l’accès aux droits fondamentaux des populations les plus vulnérables dans le respect de l’égale dignité de tou.te.s et dans l’objectif d’éradiquer la grande pauvreté.

La résolution a été votée à la quasi-unanimité (sauf une abstention). Le vote a donné lieu a trois réactions :

– d’abord celle de cinq élèves du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers – Salma Chaoui, Gaye Diawara, Maïsa Hammami, Ahmed Benali, et Massena Benaichouche. Ceux-ci ont affirmé qu’ils venaient témoigner non pas de la pauvreté, mais de la solidarité, en exposant les diverses initiatives solidaires qu’ils connaissent à Aubervilliers, et en faisant connaître leur volonté que celles-ci se pérennisent et, unies à d’autres, puissent aboutir à une société sans misère ni exclusion.

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– ensuite, celle de M. Gilles Pécout, le Recteur de Paris, qui a applaudi l’intervention des lycéens
– enfin, celle de Mme Aminata Koné, Présidente de la section des affaires sociales du CESE, qui a rappelé l’importance de l’éducation et des initiatives de jeunesse dans la lutte contre la misère.

Cette résolution a affirmé l’importance de considérer la lutte contre la grande pauvreté dans l’avenir. Le rapport Wresinski a trente ans, et a donné lieu à de nombreuses avancées – entre autres le RMI/RSA, la loi d’orientation contre les exclusions, et le droit au logement opposable – mais le combat reste devant nous. Si la commémoration est justifiée, il faut à tout prix éviter le passéisme, et regarder vers le futur.

À ce titre, l’intervention des cinq lycéens d’Aubervilliers était particulièrement pertinente. Ils ont rappelé à l’assistance l’importance d’agir dans le présent pour l’avenir. En donnant des exemples concrets, actuels et locaux, d’actions solidaires, ils ont réitéré l’urgence du combat, mais aussi l’immense potentiel et les ressources de la jeunesse face à la précarité.

Lire aussi l’intervention au CESE de Martine Le Corre, Déléguée générale adjointe d’ATD Quart Monde.

Photo : le président de la République le 14 février 2017 au CESE (ph. Carmen Martos, ATD Quart Monde)