Message de la Délégation générale du Mouvement international ATD Quart Monde pour le 17 octobre 2022, 35e anniversaire de la création de la Journée mondiale du refus de la misère par Joseph Wresinski, journée reconnue par l’ONU depuis 1992.

Pour des réponses qui respectent la dignité

La hantise de Macha, c’est la drogue qui touche beaucoup de jeunes de son quartier et apporte la violence au cœur même des familles. Alors elle interdit à son fils Owen d’aller jouer dehors. Elle a fait d’énormes sacrifices pour lui offrir un jeu électronique afin qu’il ne sorte pas du logement pourtant minuscule. A l’école, Owen a été blessé à la tête au cours d’une bagarre. Pour lui : « A l’école, c’est la guerre ! ».  Il rêve de devenir une star du football et d’emmener toute sa famille dans un pays de rêve. Comment assurer la tranquillité dans toutes les écoles et tous les quartiers sans stigmatiser les familles où un enfant a été pris dans le piège de l’addiction, sans condamner des quartiers entiers ?

Cherchons des réponses plus profondes et plus efficaces que la création de boucs émissaires, des réponses qui respectent la dignité de chaque être humain.

Le 17 octobre, un dialogue citoyen mondial

Chaque année la journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre initie un dialogue citoyen mondial. Nous y vivons des rencontres avec des personnes accusées de ne pas vouloir s’en sortir et nous découvrons qu’elles se démènent chaque jour pour survivre et à quel prix. Nous y vivons des rencontres avec des réfugiés climatiques, politiques, économiques et nous découvrons que ce ne sont pas des catégories étanches. Nous y vivons des rencontres avec des réfugiés de guerres civiles ou d’invasions et nous refusons l’opposition entre une solidarité avec les personnes en pauvreté dans leur pays et d’autres qui, fuyant la guerre, arrivent en situation de dénuement.

• Depuis 30 ans, l’ONU reconnaît le 17 octobre comme journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Cette journée renforce notre élan pour continuer, tout au long de l’année, à nous battre contre la fatalité de la misère.

Nous agissons ensemble à partir et avec les plus pauvres de toutes les communautés. avec les voisins comme avec les lointains. Nous voulons obtenir l’accès au logement et au travail décents, l’éducation, la justice environnementale et la protection sociale. Sandra, militante ayant une expérience vécue de la pauvreté, ajoute à tout cela :

« La pauvreté, c’est d’être rejeté, exclu, fatigué. Il faut essayer d’être avec les personnes et pas directement juger. »

Non, la désignation de boucs émissaires n’est pas la solution aux malheurs de nos sociétés. Elle les aggrave. Osons ensemble la dignité en action.

Bruno Dabout, Chantal Consolini-Thiébaud, Martin Kalisa

Dessin, 2022 © Hélène Perdereau