Simone Veil, une grande amie d’ATD Quart Monde

En ces jours d’hommage national pour une grande dame de l’humanité, ATD Quart Monde exprime toute sa reconnaissance envers celle qui a soutenu et défendu la cause des plus pauvres.

Si chacun a entendu parler de sa déportation à Auschwitz, de son engagement pour le droit des femmes et de son ambition pour l’Europe, on sait moins que Simone Veil – décédée le 30 juin 2017 –  était amie de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde et de Geneviève de Gaulle, sa présidente.

Ayant connu la déportation en 1944 dans les camps de concentration où périt toute sa famille, elle témoignera toute sa vie de l’horreur du génocide. Rescapée des camps comme Geneviève de Gaulle, elle fera preuve de l’immense énergie des survivants, gardant visible sur le bras le tatouage de son numéro matricule.

Ministre de la Santé en 1974, elle dépénalisera l’IVG, non qu’elle soit favorable à l’interruption volontaire de grossesse, mais pour que les femmes acculées à cette décision (il y avait alors 300.000 avortements clandestins par an), puissent le faire dans des conditions sanitaires et humaines acceptables. Cinq ans plus tard, elle sera la première Présidente du Parlement européen élue au suffrage universel. Consciente des difficultés de la construction de l’Europe, anticipant les questions, elle fera partager sa conviction que l’Europe n’est pas un problème mais la solution.

Simone Veil était aussi une amie d’ATD Quart Monde. Ministre de la Santé, elle a souvent dialogué avec le Père Joseph, participant à l’Université d’été « Entreprendre les droits de l’homme » en août 1987,  juste avant la première Journée mondiale du refus de la misère. Témoin privilégiée, Gabrielle Erpicum, volontaire permanente d’ATD Quart Monde,  se souvient des accords et des désaccords. « Ce qui est sûr, c’est qu’elle avait le souci des plus pauvres. » Sa découverte du Centre de promotion familiale de Noisy-le-Grand en 1993, lors d’une rencontre réunissant les familles du Quart Monde et les partenaires du projet, l’avait profondément touchée.

Simone Veil en visite au Centre de promotion familiale de Noisy-le-Grand en 1993 – Photo ATD Quart Monde

Le 17 octobre 1987, en présence de 100 000 défenseurs des droits de l’homme, le père Joseph Wresinski fait dévoiler à Simone Veil la Dalle à l’honneur des victimes de la misère, sur le Parvis du Trocadéro à Paris. Elle lance l’Appel qui y est gravé : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ». Le message de cette Dalle – qui compte aujourd’hui 51 répliques à travers le monde – est à l’origine de la reconnaissance, par les Nations Unies, du 17 octobre comme Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, célébrée dans tous les continents comme Journée mondiale du refus de la misère. C’est à cet Appel que l’ONU nous invite à répondre en 2017 pour bâtir un monde qui ne laisse personne de côté, et auquel fait écho l’Appel à l’action que la campagne  #StopPauvreté  invite à signer en affirmant personnellement votre engagement.

Dévoilement de la Dalle en l’honneur des victimes de la misère sur le Parvis du Trocadéro, 17 Octobre 1987

Simone Veil est devenue membre du Comité international 17 Octobre dès sa création en 2008 et a contribué à ses travaux jusqu’en 2011. Le Comité a exprimé sa profonde gratitude dans un communiqué de presse : « Ce fut un honneur et une sécurité pour le Comité de bénéficier de la contribution et du soutien inestimables de Madame Veil pour promouvoir les célébrations de la Journée mondiale du refus de la misère et en garantir le sens et l’esprit afin qu’elles soient de plus en plus des espaces de rencontre où des personnes de milieux différents peuvent se rassembler, respecter leur diversité, apprendre les unes des autres et construire la paix. »

Photo haut de page : Alain Pinoges – Agence Ciric