« Ravine l’Espérance » : un livre audio pour rendre au peuple l’histoire qu’il a fait naître.

Par Jean-Michel Defromont, écrivain et volontaire permanent

Il y a dix ans, en trente-cinq secondes, un séisme a transformé la capitale d’Haïti en plus grand cimetière à ciel ouvert du monde. Combien de victimes, de blessés, de sans abris, de naufragés de toutes sortes ? des centaines des milliers sûrement. Aucun chiffre ne permettra de ressentir l’ampleur de cette catastrophe. Impossible de se rendre compte à moins d’aller à la rencontre des survivants.

Grâce à mes camarades d’ATD Quart Monde, déjà sur place depuis trente ans, j’ai eu la chance de me rendre à Port-au-Prince pour rencontrer des rescapés, en écouter quelques dizaines encore sous le choc, écrivant avec eux, sous leur dictée souvent, des premiers textes courts.

  • L’aventure aurait pu s’arrêter au bout de quelques semaines lors d’une lecture publique, mais elle s’est poursuivie : sept compagnons se sont arrimés ensemble jusqu’à ce que soit achevée une fresque en hommage à ceux qui avaient traversé la fin du monde, pour se retrouver de l’autre côté de l’espérance.

Durant sept années, ils m’ont raconté d’abord « en vrac », puis fouillé, sculpté, raboté leurs propres souvenirs de la semaine d’avant, de la nuit même du « Goudougoudou », jusqu’à cinq ans après. Leur séisme est devenu le nôtre. Leur vie est devenue la mienne.

Ces six coauteurs m’ont enseigné les enfants dits « en domesticité »,

les jeunes habitant les recoins des rues ;

les mères sans rien pour faire bouillir la marmite, les ouvriers sans outils ;

les jeunes filles rêvant de mettre les voiles, souillées par des violences tues ;

les formateurs qui usent leur santé sur des pistes au raz des ravins pour alphabétiser les « chrétiens vivants », citoyens du « Pays en dehors » où ni l’eau courante, ni l’électricité, ni le téléphone n’existent ;

les étudiants épiant toute opportunité d’apprendre même quand les professeurs font défaut ;

les ingénieurs étranglés par des financeurs étrangers, courtisés par une scène politique tellement confuse et sans moyens,

des volontaires d’ONGs dépassés par tous les bouts,

des sauveteurs qui n’ont eu que leurs ongles pour fouiller les décombres dans l’espoir fou de sauver leur amour qui ne pouvait pas être mort, non, qui ne pouvait pas être mort.

En 2018, « Ravine l’Espérance » est devenu un livre. En français d’abord, et muet. La diaspora haïtienne, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Canada s’est très vite saisi de l’ouvrage.

  • Mais comment rendre au peuple qui l’a fait naître l’épopée dont il est la source, sans le secours de la voix humaine, en français, comme en créole ? Comment rejoindre celles et ceux qui n’ont pas accès au livre, parce que cette langue, parce que la chose écrite, parce que la lecture même leur restent inaccessibles ?

Dix ans après, la voix humaine est là, enfin, pour retrouver la voie du peuple qui a forgé cette histoire. Audio livre et livre sont désormais disponibles, y compris en créole, pour rendre aux Haïtiens, y compris via les radios locales, cette histoire héroïque dont ils sont la source.

Écoutez-les, rencontrez-les, votre regard sur la vie, la leur et la vôtre, ne sera plus jamais le même.

Ravine l’Espérance (aux éditions Quart Monde pour le livre + les éditions Saint-Léger pour l’audio livre 25€ l’ensemble.)

Pour commander le livre et l’audio livre

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