Les Nations Unies et ATD Quart Monde dialoguent sur le travail informel

Ci-dessus : Vinicius Pinheiro, OIT et Cristina Diez, ATD Quart Monde

Aux Nations Unies, ATD Quart Monde collabore régulièrement avec d’autres ONG pour organiser des rencontres informelles sur des thèmes liés à la pauvreté, au développement durable et à l’Agenda 2030 de l’ONU. La série de discussions dans le cadre « Ne laisser personne de côté » inclut systématiquement des intervenants qui ont eu une expérience directe sur le sujet.
En mars 2017, la conversation s’est portée sur les travailleurs du secteur informel.

Deux personnes d’horizons très différents se sont retrouvées à partager la même table. D’un côté, Eugene Gadsden, travailleur du secteur informel, fondateur du centre de recyclage Sure We Can et militant écologiste de Brooklyn ; de l’autre, Vinicius Pinheiro, Directeur du bureau de l’OIT à New York. La discussion a traité des défis auxquels font face les travailleurs du secteur informel en essayant de subvenir à leurs besoins.

M. Pinheiro a souligné l’importance de l’économie informelle dans un certain nombre de nations. Selon ses dires, elle représente 50 à 75 % des emplois non agricoles dans les pays en développement. Sans compter que le secteur informel a également son rôle à jouer dans l’économie des autres États. « Même s’il est compliqué de faire des généralités sur la qualité des emplois dans le secteur informel, celui-ci est souvent associé à des conditions de travail précaires et à une pauvreté grandissante » a expliqué M. Pinheiro.

Eugene Gadsden (à gauche) et Daniel Perell, membre de la Communauté internationale bahá’íe.

M. Gadsden a rejoint le secteur informel lorsqu’il s’est retrouvé sans emploi et dans l’incapacité de trouver un autre type de poste. Il a évoqué son activité, qui consiste à ramasser des canettes et des bouteilles vides, pour les échanger contre leur valeur marchande de cinq centimes la pièce. Il voit son travail comme une occupation juste et honnête : « Je travaille à mon rythme, sans patron » a-t-il expliqué. « Je peux tout aussi bien faire 50 pauses par jour qu’aucune pause du tout. »

Après avoir exercé cette activité pendant des années, M. Gadsden a fondé un centre de tri des déchets à Brooklyn : Sure We Can est à la fois « un centre de recyclage à but non lucratif, un espace communautaire et un lieu favorable au développement durable ». Ceux qui ramassent cannettes et bouteilles peuvent y apporter leur collecte pour gagner leur vie. Sure We Can encourage également les initiatives de jardins communautaires et les artistes locaux. Le centre dirige par ailleurs des programmes pédagogiques sur la durabilité et l’inclusion sociale.

Eugene Gadsden a évoqué certaines difficultés auxquelles ses collègues et lui-même font face tous les jours en tant que travailleurs du secteur informel. Par exemple, il lui est souvent arrivé de travailler plus de 16 heures par jour ; malade, il s’est aussi retrouvé obligé de se déplacer d’un endroit à un autre.

À la question de comment améliorer les conditions de travail dans le secteur informel, tous les participants ont souligné l’importance des systèmes de protection sociale, tels que l’accès aux soins et à l’assurance invalidité, la sécurité des revenus ou encore la possibilité de percevoir le chômage.

Winifred Doherty, membre de la Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur, a contribué à la discussion.

La discussion s’est également orientée sur comment les politiques et les actions mises en œuvre pour renforcer « l’économie formelle » pouvaient aider à atteindre les Objectifs de Développement Durable. Différentes études de cas sur l’Argentine, le Brésil, l’Indonésie, le Liberia ou encore la Turquie ont été présentées dans ce cadre.

De gauche à droite : Vinicius Pinheiro, OIT ; Cristina Diez, ATD Quart Monde ; Mayank Joshi, Premier Secrétaire, Mission permanente de l’Inde auprès des Nations Unies (au micro) ; Constance Destresse et Katelyn Cheon, membres d’ATD Quart Monde.

A ce propos, ATD Quart Monde travaille autour de ces questions à Madagascar, au Guatemala et dans d’autres pays. Souvent, dans ces lieux, le seul moyen de subsistance pour certaines personnes consiste à ramasser ce qui peut l’être dans les décharges locales. Même si collecter des déchets génère un revenu sommaire et contribue même aussi aux efforts de recyclage, cela s’avère dangereux et ne permet pas de vivre dans des conditions décentes.
Dans le cadre des ODD est menée une réflexion pour beaucoup de pays dont Madagascar, d’avoir un socle minimum de protection sociale.

ATD Quart Monde a également mis en place des projets comme « Travailler et apprendre ensemble » au Guatemala, à Madagascar et en France. Le but est d’offrir, par une activité artisanale, à ceux qui en ont besoin l’opportunité de vivre plus dignement. Plus important encore, ces activités ont à cœur de faire participer les familles les plus isolées, afin qu’elles s’impliquent, elles aussi, dans une communauté de soutien.

Cliquer ici pour accéder au rapport sur le Dialogue et au programme (en anglais).

Pour plus d’informations sur les activités d’ATD Quart Monde aux Nations Unies, rendez-vous sur : plaidoyer de l’équipe ATD Quart Monde International.