Paul Moracchini, membre d’ATD Quart Monde à Angers, sur RFI

Le dimanche 12 février, le centenaire de la naissance de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, était célébré à Angers, sa ville natale. A cette occasion, RFI a rencontré Paul Moracchini, un bénévole de longue date.

Dans une première interview, il explique que la misère ne se limite pas à l’aspect financier ; en réalité, c’est bien plus vaste et complexe. Être pauvre, c’est aussi bien souvent être seul : « Être pauvre, c’est ne pas avoir d’amis, ne pas avoir de relations. Je vous donne un exemple très rapide : il y a une dame que je connais dans mon quartier qui a sa fille qui habite une petite ville autour d’Angers. Et la ville a décidé – les services municipaux et les services de transport – de supprimer la ligne de bus qui va le dimanche dans cette petite ville. Cette maman qui n’a aucune relations, qui n’a pas d’amis ayant des voitures, ne peut plus aller voir sa fille. Vous, nous, moi, quand j’ai un problème, j’ai des copains. Je peux demander une voiture à quelqu’un, je me débrouille parce que j’ai un tissu de relations. Je connais plein de gens. Les plus pauvres, eux, ils ne connaissent autour d’eux que des pauvres qui n’ont pas les moyens que nous on peut avoir pour continuer de vivre quand on a un petit souci, quand on a un petit pépin. Le manque de relations. Une chose ne suffit pas pour sortir de la misère, c’est un ensemble de précarité. »

Dans une seconde interview, il explique que la force d’ATD Quart Monde, est justement de donner la parole à celles et ceux que l’on n’entend pas. Et ça marche puisque l’association est à l’origine de plusieurs évolutions sociales en France. Elle a par exemple mené le combat pour la Couverture Maladie Universelle (CMU) : « Quand j’étais infirmier à domicile, les gens qui n’avaient pas d’argent pour se soigner, il y a une trentaine d’années, il fallait qu’ils aillent à la mairie chercher un bon, un bon d’aide médicale et s’ils tombaient dans une mairie avec une secrétaire qui ne les aimait pas beaucoup, le bon aurait été donné, mais du bout des doigts. Ce n’était pas très sympa. Les gens, des fois, ne venaient pas parce qu’ils ne voulaient pas avoir les reproches de la secrétaire de mairie. Et le Mouvement, il part justement parce qu’on a écouté le témoignage de ces gens-là, de ce qu’ils vivaient. Pourquoi ils ne voulaient pas se soigner ? Parce qu’ils n’osaient pas aller demander ce bon ou qu’ils savaient qu’ils seraient rejetés. Le Mouvement a entendu ça et il s’est dit, ce n’est pas comme ça que ça doit marcher. Il faut créer un véritable droit pour les familles. C’est là qu’on s’est battus politiquement vraiment. C’était très politique. On s’est battus pour obtenir que la CMU, la couverture maladie universelle, soit mise en place. Ça, c’est un combat politique qui a été gagné parce qu’on est partis de ce que vivaient les plus pauvres. »

Écouter l’interview de Paul Moracchini : Être pauvre, c’est ne pas avoir d’amis, ne pas avoir de relations :

Le combat pour la Couverture Maladie Universelle (CMU) en France :

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