Comment l’aide humanitaire peut renforcer les communautés en recherchant les plus démunis

Communiqué d’ATD Quart Monde

Pour le Sommet Humanitaire Mondial, du 23 au 24 mai 2016

Lors du conflit armé en République Centrafricaine en 2014, l’aide humanitaire a distribué aux enfants qui vivent dans la rue du riz cru en oubliant qu’ils ne disposaient pas de combustible ni de réchaud pour le cuisiner.

A Haïti en 2010 après le tremblement de terre, 25 000 personnes en pauvreté ont été les dernières à bénéficier de l’assistance humanitaire car leur territoire avait été classé « zone rouge » par les Nations Unies donc non recommandée aux ONG internationales.

Ou encore, toujours en Haïti, des sages femmes d’un centre de santé de quartier ont été embauchées pour un projet de deux ans d’une ONG internationale, les éloignant durablement de leur communauté et privant les personnes les plus fragiles.

En considérant que les programmes de développement n’atteignent pas les personnes les plus en difficulté et même se retournent parfois contre elles parce que le plus souvent elles ne sont pas associées à leur conception, ATD Quart Monde recommande l’interaction des travailleurs humanitaires avec la communauté locale pour fortifier la solidarité et accroître la sécurité sans augmenter la tension entre les personnes.

Les décisions prises « du sommet vers la base » risquent de rompre les liens entre les membres d’une même communauté en aggravant la violence des quartiers au lieu de saisir l’opportunité de renforcer les organisations locales avec leurs connaissances et leur capacité d’agir. Or dans les interventions d’urgence, 3% des fonds sont attribués directement aux gouvernements nationaux et une part encore plus infime aux organisations locales.

L’expérience d’ATD Quart Monde est de pérenniser le développement avec les personnes en situation d’extrême pauvreté en les considérant comme de nouveaux partenaires de connaissance pour contribuer à la conception, au suivi et à l’évaluation des programmes.

L’efficacité de l’aide humanitaire devrait être liée au renforcement des objectifs de l’aide au développement sur le long terme dans la compréhension des causes profondes des crises, en respectant toutes les personnes et l’environnement.

Il est urgent de penser l’aide d’urgence en s’inscrivant dans une vision à long terme qui tient compte des forces existant dans les pays d’intervention. Cela passe par le financement direct des ONGs nationales. Les ONG locales sont peu financées et souvent cantonnées au rôle de sous-traitants. Les ONG internationales reconnaissent la connaissance de terrain des ONG locales mais s’y adossent peu. Il faudrait repenser l’action humanitaire et de développement dans son ensemble et mutualiser les connaissances, car aujourd’hui c’est une logique de concurrence qui prévaut.

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Lire l’interview de Jacqueline Plaisir : répondre à l’urgence en respectant la dignité des personnes