Journée d’études à l’Assemblée Nationale : Territoire Zéro Chômeur de longue durée

A l’ouverture de la journée d’études organisée à l’Assemblée Nationale à Paris, autour du projet Territoire Zéro chômeur de longue durée, le 31 mars 2016, une petite file d’intervenants, journalistes et auditeurs se forme devant l’entrée de la salle Victor Hugo. Des connaisseurs, des débutants, des contestataires et des observateurs. Il faut croire que le projet a fait mouche auprès d’un large public.

C’est Laurent Grandguillaume, député de Côte d’Or qui a porté la proposition de loi au Parlement, jusqu’à ce qu’elle soit votée à l’unanimité en février dernier. Un projet issu d’un long travail de réflexion et d’études et d’une grande collaboration.

Intervient ensuite Patrick Valentin, initiateur du projet au sein du Mouvement ATD Quart Monde. Il revient sur les grandes étapes du projet, comment on est passé d’une utopie à un projet réalisable. Tout le monde est concerné : la mobilisation d’aujourd’hui et l’unanimité du vote parlementaire d’hier le démontrent. Unanimité qui, comme le rappelle Patrick Valentin « ne signifie pas un accord de tous sur tout les points, mais bien un accord commun sur l’objectif final : en finir avec ce fléau que l’on nomme chômage ».

Sur plus de 300 personnes, la salle se scinde entre habitants d’Ile-de-France et une majorité d’autres régions, entre ceux qui travaillent déjà dans le sens de l’expérimentation et ceux qui veulent en savoir plus, mais tous se retrouvent sur un point : plus de la moitié partage des liens avec une personne victime d’un chômage de longue durée.

De table ronde en ateliers

Didier Goubert, membre de l’équipe nationale du projet, revient sur les grandes lignes du sujet. Territoire Zéro Chômeur de longue durée s’est avant tout construit sur une idée en trois grandes lignes :
– il y a beaucoup de gens qui veulent travailler
– il y a beaucoup de travaux utiles pour la société
– et ce n’est pas l’argent qui manque

Quand on sait que le coût du chômage de longue durée représente au moins 15 000 euros par an par personne, on peut se demander pourquoi tant de barrières pour sortir du chômage quand il coûte tant à entretenir.

 

Première table ronde « de l’idée initiale à la mobilisation des acteurs ». On donne la parole aux concernés, à ceux qui veulent sortir du chômage, à ceux aussi qui vont tout mettre en place, à ceux qui connaissent les besoins. Cette table ronde est un état des lieux qui fait ressortir à quel point ce projet est une « histoire d’humains ». Une histoire de consensus par le dialogue, pas toujours aisé, entre les chômeurs, les associations et les institutions. C’est cette volonté qui a permis, sans relâche, depuis plus de 5 ans, de faire en sorte que ce projet voie le jour, en combattant les réticences des uns et les appréhensions des autres. De cette table ronde enfin, ressort la satisfaction d’être ici, à l’Assemblée Nationale, d’être entendu.

La table ronde suivante, uniquement composée d’élus, est tout aussi animée. La première intervention a rappelé que « trouver un travail c’est important, mais retrouver sa dignité l’est encore plus. » Entendre que ce projet est avant tout un projet humain fait chaud au cœur et confirme que, de l’institution politique à l’observateur, tout le monde s’accorde sur cela. « Ne pas perdre notre dignité », un message fort qui rappelle pourquoi nous sommes là et pourquoi nous œuvrons tous les jours. Les élus exposent leurs espoirs et leurs inquiétude.

Si trouver des demandeurs d’emplois et impulser cette dynamique semblent presque évidents, il faut aussi convaincre les entreprises et ne pas effrayer les autoentrepreneurs. Actuellement, dans les territoires d’expérimentations, de nombreuses études sont menées pour ne pas empiéter sur d’autres emplois.

Chaque personne vient ensuite s’exprimer, on appelle des victimes du chômage de longue durée à affirmer leur compétences, leurs envies et elles sont multiples ! Du jardinage, du travail avec des enfants, des plantations, de la menuiserie… tout un panel d’activités et de compétences qui ne demandent qu’à être mises en pratique.

Des nombreuses compétences, de nombreux candidats… mais comment on s’organise avec la création d’emploi ? Comment, à partir de compétences, on co-construit un emploi ? Comment créer ces Entreprises à But d’Emploi ?

Zoom sur l’atelier de réflexion sur les travaux utiles non réalisés. Les élus des collectivités territoriales expliquent leurs démarches de travaux croisés. Cette démarche de travaux croisés implique une grande concertation des Communautés de Communes entre les demandeurs d’emploi et les directives de l’agenda 21. En somme, si l’on accorde les savoir-faire et la connaissance des besoins, il est toujours possible d’inscrire de nouvelles manières de fonctionner dans un système institutionnel ; Territoires Zéro Chômeur de longue durée, c’est « construire ensemble une aventure commune ».

Comité de vigilance

En dernier chapitre de cette journée, une attention particulière est apportée au comité de vigilance citoyen. Table ronde introduite par Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde France, avec Laurent Grandguillaume et par Dominique Potier.

 

Quel impact aura Territoires Zéro Chômeur sur le vivre ensemble ? Prendre un problème de société, tel que le chômage, à l’envers, nécessite une grande organisation afin que personne ne soit perdant. Ce comité de vigilance citoyen doit s’atteler à trois grands sujets de vigilance :
– des données qui s’appliquent à la conduite territoriale du projet
– des données qui s’appliquent à la conduite nationale du projet
– de la non-exclusivité et non sélection des candidats au projet

Pour conclure, Myriam El Khomri, Ministre du travail, est venue écouter le résumé de la journée et les ressentis de quelques personnes dans la salle. La Ministre a reconnu que Territoires Zéro Chômeur de longue durée avait une capacité de cohésion assez rare tant dans le domaine de la politique que dans l’espace public (réunissant les associations, les travailleurs, les demandeurs d’emplois, les observateurs, les institutionnels ) et c’est en cela que ce projet est à part. Une manière probante de dire que le chômage est l’affaire de tous et de le prouver.

Beaucoup d’espoirs mais aussi et surtout beaucoup d’attentes sont mises dans ce projet, qu’ATD Quart Monde porte fièrement. Les convaincus sont partis la tête haute et les observateurs sont partis convaincus.