J’ai 13 ans, je joue au foot avec des migrants

En 2017, ATD Quart Monde a invité à écrire des histoires vraies de changement contre une situation d’injustice et d’exclusion pour montrer que lorsqu’on s’unit pour un même combat la misère peut reculer.
Les articles sur notre site ne sont pas signés car il s´agit de favoriser une voix collective. Dans le cadre des 1001 histoires, l’auteur met en lumière une histoire vécue.
L’histoire qui suit a été écrite par
Dorian (France).

Je m’appelle Dorian, j’ai 13 ans. Je suis dans un collège en banlieue parisienne et soixante-dix migrants viennent d’arriver dans la ville. Ils ont été accueillis par une association et installés dans un immeuble en bordure de la zone industrielle et à côté d’un stade municipal. Le journal municipal avait annoncé leur arrivée.

Moi qui habite aussi en bordure de la zone industrielle, je les attendais avec impatience mais aussi avec un peu d’inquiétude, ne sachant pas bien qui ils sont, en m’imaginant même qu’ils pouvaient être dangereux, qu’ils allaient venir nous embêter.
Un premier migrant de dix-sept ans était arrivé d’Afrique avant tous les autres, sans papiers. Il avait été accueilli par une association et il y venait tous les jours. Il y avait appris le français. Il avait été aidé pour avoir ses papiers. Inscrit au Pôle emploi, il avait trouvé du boulot. Il venait jouer au foot avec nous sur le terrain municipal.

On a appris à se connaître. Comme il commençait à parler français, on a discuté…
Un mois après, quand les soixante-dix autres migrants sont arrivés, certains habitants de la ville n’étaient pas pour et ont déposé une lettre anonyme dans toutes les boîtes aux lettres de la ville pour dire que les migrants n’étaient pas les bienvenus, qu’ils étaient dangereux. Heureusement, le maire a tout de suite réagi en envoyant une lettre à tous les habitants mais aussi en la mettant sur le site et dans le magazine de la ville. Il expliquait que ces migrants étaient pris en charge par une association de confiance, qu’ils n’étaient pas dangereux et qu’il ne fallait pas écouter ceux qui avaient écrit la lettre et “qui n’avaient même pas eu le courage de la signer”.

Quelques migrants rassurés sont venus un jour sur le stade de foot, ont joué entre eux sur une partie de terrain et nous sur l’autre. Puis, au bout d’une heure, un des migrants est venu nous parler. Mes copains et moi, on a parlé avec nos quelques mots d’anglais pour les connaître un peu mieux. On s’est alors rendu compte qu’ils étaient très sympas.

Puis le lendemain et les week-ends suivants, on a joué avec eux au foot. Un jour, on était même une trentaine, une vingtaine de migrants et une dizaine de mes copains.

En plus, les migrants se sont adaptés à nous : comme ils avaient pour la plupart autour de vingt ans, au début on avait peur car ils tiraient très fort, mais quand on a commencé à jouer avec eux, ils ont baissé leur puissance pour s’adapter à nous.

Un jour le photographe de la ville est passé et nous a pris en photo en train de jouer ensemble, il a trouvé cela super sympa et a mis ces photos dans le journal de la ville.

Petit à petit on est devenus copains mais c’était toujours difficile de se comprendre, aussi le premier migrant qui parlait désormais très bien français nous a aidé en faisant l’interprète pour qu’on puisse discuter. On a ainsi appris qu’ils venaient de pays en guerre, qu’ils avaient pour certains été victimes de violence et qu’ils avaient quitté leur pays pour fuir cette violence.

Depuis, on continue à jouer ensemble tranquillement, on en rencontre de nouveaux car sur les soixante-dix je pense que j’en ai rencontré une quarantaine. J’ai très envie de rencontrer les autres.

Pour écouter cette histoire, cliquer ici.

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