Des rôles qui brisent les stéréotypes

  • “Je me sens attaquée quand je lis les journaux, quand je regarde la télévision ou écoute la radio. J’aime veiller sur ma famille et c’est nécessaire, mais je déteste les stéréotypes, la honte, l’insécurité et l’instabilité qui arrivent lorsqu’on bénéficie d’allocations. Je ne devrais pas avoir honte.” –Bea, Grande Bretagne

Suite à une campagne du gouvernement visant ceux qui fraudent l’assistance publique, des membres d’ATD Quart Monde en Grande Bretagne, qui connaissent la pauvreté, ont conçu un projet pour faire reconnaître leur rôle dans la société.

Au livre de photos et recueil de témoignages « les rôles que nous jouons : reconnaître la contribution des personnes en pauvreté » paru en 2014, se sont ajoutées une série de vidéos, une exposition itinérante et une dynamique sur des réseaux sociaux (partager sur Facebook ou Instagram le rôle que l’on joue dans son quartier ou dans la société en utilisant le hashtag #rolesweplay) .

Katty, Défenseur des droits de l'homme
Kathy, Défenseur des droits de l’homme

A travers ce projet qui prend toujours plus d’ampleur, les participants montrent à quel point les personnes en situation précaire sont courageuses, s’entraident et ne veulent pas que les autres les prennent en pitié, mais comprennent qu’elles aussi sont des êtres humains qui ont le même droit à la dignité et jouent un rôle dans la société, contrairement aux idées reçues.

Thomas rappelle que “les personnes en situation de pauvreté ne l’ont pas choisi ». Elles veulent prouver malgré tout qu’elles aussi peuvent réussir dans l’éducation, être dignes et fières en dépit de tous les préjugés à leur égard : “Ce sont des profiteurs”, “ils ne veulent pas travailler”, “ils volent l’État”. Thomas pourtant est un aide-soignant pour son fils qui a des besoins spéciaux. « Il va à l’école, donc vous devez vous demander pourquoi je ne travaille pas quand il est à l’école mais même lorsqu’il est à l’école il a parfois besoin de mon aide. Je dois me rendre à l’école pour le calmer ou même lui faire rattraper les cours quand il ne peut pas y aller. »

Ces idées reçues accentuent le fossé entres les différents milieux, alors que Seamus, ouvrier à la retraite, comme ses pairs, souhaite “construire des ponts entre les riches et les pauvres, pour nous rassembler, pour se comprendre les uns les autres”.

Diane qui a repris le titre de Baronne en découvrant son histoire familiale, dit : « Certaines personnes sont trop fatiguées pour travailler, comme moi. Ce ne sont pas des profiteurs; ces personnes sont trop malade pour aller travailler. » Elle amène des familles à la “Frimhurst Family House” afin qu’elles trouvent du soutien : « Je me vois comme une voix pour différentes personnes qui sont en difficulté. »

Gwen, étudiante, sent que “La société pense que les personnes pauvres ne vont pas à l’université, quitte le système éducatif, et finissent comme leur parents par arnaquer le système encore et encore.» Elle continue ses études pour devenir infirmière, rendre fière sa famille et pour prouver qu’elle est « meilleure que ce que les gens pensent ».

Joël ressent de la discrimination envers son milieu social : « Quand les gens savent que tu viens d’un certain quartier, ils te regardent immédiatement d’une autre manière ». Pourtant il anime un atelier de musique pour les enfants de son quartier. « J’ai vécu ici toute ma vie alors je pense être la bonne personne pour travailler avec eux dans le club local d’aide aux devoirs après l’école. »

Eric, combattant pour la liberté : «Je crois à l'importance de faire passer les autres avant moi-même. J'aime aider les autres. Je suis très heureux de vous aider mais je déteste demander de l'aide. "
Eric, combattant pour la liberté : «Je crois à l’importance de faire passer les autres avant moi-même. J’aime aider les autres. Je suis très heureux de vous aider mais je déteste demander de l’aide. « 

Les participants du projet “The Roles We Play” nous invitent à découvrir ce que font des personnes qui vivent la pauvreté pour améliorer leurs propres vies et celles des autres. Le projet incite aussi à repenser les idées reçues et à répondre à ce questionnement d’une participante comme Georgina : “Je pense que ça ne compte pas que vous soyez pauvre ou non, on devrait tous être traités de la même façon. Après tout, nous sommes tous des êtres humains, pas vrai ?”

Photographe : Eva Sajovic

Découvrez certains des portraits du livre, traduits en français : Gwen, Thomas, Diane