Toutes les familles à l’honneur pour la Journée internationale des familles

Le 15 mai de chaque année, « la journée internationale des familles » est célébrée à travers le monde. A Bukavu, une cérémonie a réuni les familles que connaît ATD Quart Monde et des institutions amies.

C’était une journée où la famille était à l’honneur.  La plupart des personnes avaient l’expérience de la précarité. Elles se battent au quotidien pour gagner leur vie. Les invités d’autres institutions étaient issus de l’enseignement, du petit commerce, éleveurs, gardiens de nuit, agriculteurs, porte-faix…

  • «Toutes les familles ont la même fierté aujourd’hui d’exister, de travailler, de gagner, de réussir. Ceux qui ont plus des moyens font vivre leurs familles, c’est la même chose pour ceux qui n’ont pas assez. Tous sont fiers de leurs familles. Quand on pense à la journée de la famille il est important de voir ce côté des choses : toutes les familles sans exception. Voilà pourquoi nous sommes fiers de rencontrer d’autres invités des différents milieux pour partager cet honneur ensemble… » Papa Pierre

Autour de l’exposition « les couleurs de la lettre »

 

15Mai5Les invités ont commenté les différentes affiches et illustrations proposées par le Forum du refus de la misère d’ATD Quart-Monde. Celles-ci leur ont fait penser à différentes situations de leur propre vie.

Mirindi : « Je viens de Muhungu, j’ai beaucoup aimé les affiches qui mettent en valeur les talents des gens, des jeunes… J’ai aussi apprécié le fait que les explications et les détails des différents panneaux soient donnés par les jeunes eux-mêmes. Ce qui donne à penser qu’ils sont impliqués dans des actions qui les invitent au goût de la beauté, de l’art…Demain ils seront des responsables (parents, leaders) soucieux des talents dans la société. Je suis enseignant et dans ma classe j’insiste souvent sur le fait que quand on a un savoir pratique il est rare de se retrouver dépourvu complètement de toutes les sources de revenu. Il y a toujours un travail à faire. J’encourage les jeunes présents ici de continuer à travailler comme ils le font pour la communauté…»

couleurs de la lettre -ne laisser personne de cotéAndré Kahiro Mulamba : « je viens des familles solidaires de Burhiba, j’ai aimé l’affiche de Bangladesh où est écrit « ne laisser personne de côté », il y a des enfants qui étudient et d’autres qui sont exclus. L’affiche montre que ces enfants sont recroquevillés sur eux-mêmes, ils ont vraiment très envie d’étudier mais ils n’ont pas de place. L’éducateur ne leur a pas donné cette occasion. Cela m’écœure et montre ce que certains enfants des familles très pauvres subissent dans leurs classes. Pour bâtir une société durable, nous avons besoin d’approcher tout le monde, surtout ceux qui sont le plus exclus. »

Partage d’expériences sur le thème de la rencontre

Inspirés de l’expérience haïtienne d’après le séisme en 2010, l’équipe de préparation composée de parents avait proposé d’orienter les échanges autour du thème « osons une gouvernance têtes ensemble dans nos familles ». Il était question de partir de l’expérience de chacun, de l’intelligence de tous pour comprendre comment la gouvernance se vit au sein des familles.

Joseph Mubago : « Aujourd’hui je peux dire que l’expérience de Tapori nous a beaucoup aidés dans la famille. Parfois quand j’arrivais le soir, les enfants me racontaient l’histoire qui avait été lue dans leur groupe et les questions qu’ils partageaient, je me retrouvais dans les comportements des personnages. C’était le début des discussions entre parents et enfants. Le savoir qu’ils tirent dans les groupes Tapori leur a permis d’acquérir une certaine souplesse à oser parler poliment avec leurs parents. Ça je trouve très important : ensemble on se comprend, on discute de tout. »

Papa André Kahiro Mulamba a raconté comment il a pu sortir de la honte en découvrant la même histoire de résistance à la misère vécue par d’autres familles : « Avant j’étais très pauvre, j’étais humilié dans mon travail de porte faix et j’avais tellement honte d’approcher les gens. Les gens ne le savent pas mais aujourd’hui moi-même je sais que ma vie a beaucoup changé… quand je le dis, les gens me disent : tu es toujours mal habillé, tu fais le même travail, comment ta vie a changé ? En approchant le Mouvement ATD Quart Monde, j’ai connu l’histoire des familles à Noisy-le-Grand et j’ai compris que pour avancer elles avaient besoin de faire face à la honte et au mépris. Cela m’a donné beaucoup de courage, j’ai renoncé à la honte et je continue aujourd’hui à me battre pour faire vivre ma famille. »

Une journée mise sous le signe de la participation active de tous, où l’intelligence de chacun a contribué à faire avancer la compréhension commune.

Faustin, membre de l’équipe de préparation, a conclu : « Nous avons la conviction que pour vaincre durablement la précarité, il faut donner place à tout le monde, surtout les plus pauvres. Avec le Père Joseph et ATD Quart Monde nous avons gardé à l’esprit que la question de la dignité de chaque individu n’a pas de rapport avec la religion, l’âge, le niveau d’étude… Elle est étroitement liée à la question des droits de l’homme. La dignité implique aussi le respect de l’intelligence de tous. Voilà pourquoi on pense souvent qu’on n’est pas engagés aux côtés des plus pauvres pour leur apprendre ce qu’ils doivent faire. Nous sommes engagés pour les accompagner dans leurs projets. Nous apprenons de leur vie qui transforme la nôtre. »

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