Se battre pour un monde plus juste | Isabelle Pypaert Perrin

« Si le plus pauvre nous interroge, s’il nous pose des questions et nous oblige à nous en poser, ce n’est pas parce qu’il nous demande de ralentir notre marche, mais qu’au contraire il nous contraint d’aller plus vite et plus loin, de voir infiniment plus grand et d’être plus ambitieux que nous le sommes. »

Joseph Wresinski

Par Isabelle Pypaert Perrin

Isabelle PYPAERT PERRIN
Isabelle PYPAERT PERRIN

Pierre est un jeune volontaire permanent d’ATD Quart Monde, engagé dans mon pays. J’ai voulu comprendre ce qui l’a amené à faire ce choix du volontariat, choix que j’ai fait bien avant lui. Il m’a raconté son désir de se battre pour un monde plus juste.

« Je voulais être journaliste, défendre de grandes idées. J’ai eu la chance d’aller quelques mois en Macédoine, où j’ai rencontré Dzeki qui a marqué ma vie. Notre amitié est née un été au cours d’un festival. Il jonglait comme moi. Il m’a emmené là où il vivait avec sa famille.

J’en ai encore la chair de poule : des baraquements en tôle et en bois, des enfants qui jouaient sur le chemin plein de boue, des centaines de personnes, d’origine Roms pour la plupart.

Ce n’est que quatre mois plus tard que Dzeki m’a raconté son histoire. Une histoire de fuite de son pays en guerre. A pieds à travers les bois. Nous avons le même âge. Qu’aurais-je fait moi, à 17 ans, dans cette situation ?  Avec quelle force se reconstruire ?

J’ai trouvé tellement injuste qu’il ne puisse pas avoir de papiers. J’ai décidé de l’aider, lui dont j’avais vu la grand-mère mourir et son enfant faire ses premiers pas. Je n’en menais pas large mais je n’ai pas lâché. Je voyais bien que derrière lui, il y avait 2000 personnes. Et bien plus. Je me rendais compte qu’au-delà d’une situation individuelle il y avait un combat collectif à mener. C’est pourquoi, quand Dzeki m’a dit : « Si tu rentres chez toi à Strasbourg, va voir cette section pour les Roms au Conseil de l’Europe » ; j’y suis allé.

Si j’ai pu raconter cette histoire c’est que les familles m’avaient permis d’entrer dans leur vie. Elles avaient éveillé en moi quelque chose que je cherchais et qui avait du mal à trouver son chemin au-delà d’une idée.

Elles m’ont mis quelque chose dans le cœur dont je n’arrive plus à me défaire.

Sans m’en douter j’ai rencontré le Mouvement chez ces familles de Macédoine même si ni elles ni moi, ne le connaissions. On ne dit pas assez ce que les personnes font naître en nous. Depuis ma conduite a été dictée par ce temps-là : être proche des plus exclus et ne pas abandonner. »

Aujourd’hui Pierre est présent à Verviers, auprès de familles à bout de souffle qui se débattent au milieu des tensions et des rires, des douleurs et des joies, des situations qui avancent ou pas.

C’est en jonglant pendant un été en Macédoine, que l’engagement de Pierre a pris naissance. Nous sommes confiants que d’autres engagements vont naître et qu’ils seront soutenus grâce à vous.

 

Photo ATD Quart Monde : Somain, France