La région du Ganzourgou engagée avec ATD Quart Monde

Au Burkina Faso, tout le monde a ses racines au village : quelle que soit la vie menée par chacun, plus ou moins moderne, chacun garde un attachement à la culture traditionnelle. Aujourd’hui, on ne peut pas parler d’ATD Quart Monde à Ouagadougou sans parler du Ganzourgou, province rurale située à une centaine de kilomètres de la capitale, où le Mouvement est présent depuis la fin des années ’90.

Méguet, région de Ganzourgou

Après des années d’accompagnement d’enfants et de jeunes vivant dans les rues de Ouagadougou, les membres d’ATD Quart Monde ont souhaité mieux comprendre pourquoi des enfants quittent leur village et ce qui leur permettrait d’y rester. Pour cela, il fallait entrer dans une meilleure connaissance du milieu rural. C’est ainsi qu’en 2000, des membres d’ATD Quart Monde ont commencé une activité culturelle dans un village du Ganzourgou, 15 jours par mois. Au fil des années, ces animations se sont étendues à d’autres quartiers et villages, permettant au Mouvement de connaître des initiatives économiques, sociales, culturelles qui favorisent la participation de tous au développement de la communauté.

La présence d’ATD Quart Monde à Méguet, commune du Ganzourgou, a été un enracinement indispensable pour continuer de bâtir des ponts entre la ville et le monde rural, entre l’éducation formelle et les savoirs d’expérience, et approfondir une connaissance profonde du monde rural dont la pensée est souvent ignorée dans le monde du développement.

Eugen Brand, alors Délégué général d’ATD Quart Monde, expliquait la démarche du Mouvement :

  • « J’ai la conviction que par votre culture, votre histoire et votre sagesse, votre pays est un guide de ce qu’il faut pour que le monde de la ville et le monde du village se rencontrent. Pour que le village permette à la ville de se réaliser réellement et pour que la ville permette au village de se réaliser réellement. On sait très bien que la misère c’est quand il n’y a plus de relations. Pour venir à bout de cette injustice de la misère, on a besoin du monde rural » (Session d’étude, juin 2003).

A partir de 2003, une équipe de volontaires a habité en permanence à Méguet. En 2016, un processus de réflexion autour de l’action a été mené : cela a conduit au départ des volontaires et à la recherche d’un lien qui se poursuive entre les membres d’ATD Quart Monde du Ganzourgou et ceux de Ouagadougou.

Jean-Pierre Daud, volontaire permanent, fait partie de l’équipe qui a accompagné cette nouvelle étape du Mouvement. Au cours de ses rencontres avec les habitants du Ganzourgou, il a découvert combien les gestes de la communauté posés ensemble créent le lien social.

  • « Dès notre premier jour dans le Ganzourgou à 100 km de la capitale Ouagadougou, un ami du Mouvement nous emmène dans son village. Chez les voisins, une dizaine de personnes s’apprête à poser un toit sur une case ; l’ami nous invite à prendre place autour du toit pour le soulever.
  • Deux ans après, au cours d’une dernière ballade dans la brousse, nous hésitons à entrer dans un hameau quand un homme nous reconnaît et nous fait signe d’approcher. Au détour d’une maison, un groupe de personnes met sa force ensemble pour poser un toit sur une case. Alors, sans plus de paroles, nous prenons place dans le cercle, naturellement.
  • « Sais-tu que le mot mooré « sugri » (toit) veut également dire pardon ? » nous avait un jour appris un autre ami burkinabé. Quelle leçon de vivre ensemble ! »
« On a besoin de tous pour mettre le toit sur la case »

 

Une fête pour célébrer ce que nous avons appris ensemble pendant ces années

Jean-Pierre continue :

  • « Ce n’est donc pas par hasard qu’avec notre co-équipier Alban, nous avons décidé que ce « toit-pardon » ferait partie des fêtes rassemblant enfants, parents et autorités dans chacun des neuf lieux où ATD Quart Monde a animé pendant de nombreuses années des temps de partage de savoirs autour du livre. Fêtes familiales où jeunes et anciens partagent des contes, des histoires, des proverbes pour se dire merci, dans le sens d’une gratitude réciproque pour ces années où nous avons appris les uns des autres. Ces histoires de rencontre et de partage se retrouvent à travers les paroles échangées et notées patiemment au fil des années. Des paroles de sagesse sur la famille, l’éducation, la paix, la solidarité, la fraternité nous confirment que le monde rural a beaucoup à apporter au monde moderne, au Burkina Faso et partout ailleurs. Une de ces phrases résonne encore en nous « Nous cherchons la paix en premier. Si nous cherchons d’abord la force, alors elle prendra toute la place et nous n’aurons plus la paix ».

Ces pensées sont collectées et rassemblées dans un recueil de paroles, témoignages et photos, réalisé en mooré et en français avec la volonté de le confier aux jeunes générations du Ganzourgou et d’ailleurs pour que le monde continue de croire en l’Homme (voir ci-dessous pour télécharger le document en PDF).

Les volontaires ont quitté le Ganzourgou, mais cette région reste au cœur du Mouvement à travers toutes les personnes engagées qui continuent à le faire vivre.

Cliquer sur l’image pour télécharger le recueil en français et mooré