Message d’hiver 2018 | Isabelle Pypaert Perrin

  • « Recevoir, à la longue, devient une honte.
    Donner est toujours une promotion, parce que le don est un partage d’amour et d’honneur. » Joseph Wresinski (1966)

Dans la zone industrielle, Diego pousse sa brouette d’une poubelle à l’autre. Il peine à la tenir en équilibre, il est temps de faire le tri. Derrière un buisson, il met de côté aliments périmés et bibelots qu’il emportera à la maison. Il monte la dernière côte jusque chez le ferrailleur. Celui-ci fixe son prix. L’homme qui n’a qu’une brouette ne pèse pas bien lourd sur le marché.

Martin, un volontaire, marche à ses côtés. Il veut comprendre la vie de Diego, père d’un des enfants qu’il rencontre chaque semaine, à la bibliothèque de rue, dans la cour de l’immeuble où vit la famille.
Il arrive qu’un habitué de la tournée de Diego lui demande, en désignant Martin : « c’est ton fils ? » Diego échange avec Martin un clin d’œil complice, sourit en coin puis répond : « Non, c’est un ami ».

Quelques jours auparavant, Martin lui a demandé s’il pouvait trouver des fils de fer en vue de la création d’une sculpture avec les familles de plusieurs quartiers.
Diego revient avec un grand sac plein de fils, notamment du beau cuivre, rouge et doré :
« – Voilà !
– Mais Diego, ce cuivre, tu ne voudrais pas le garder pour le vendre ?
– Est-ce que tu m’as demandé du fil oui ou non ? Un cadeau, c’est un cadeau ! »

Sa femme Maria est malade. Elle dit souvent : « Il en connaît des choses, mon mari ! ». Dans la famille, c’est lui qui lit les lettres, qui prépare les repas, qui rappelle à sa fille les rendez-vous chez le pédiatre pour le petit.
Mais on raconte beaucoup de choses sur son dos, qu’il boit, qu’il est violent… Quand la vie devient trop dure, quand les enfants sont trop turbulents, quand les voisins s’en mêlent, quand il y a menace d’expulsion, la fatigue devient insupportable. Alors, Diego claque la porte et prend le large.
Un jour où Maria s’inquiétait de sa disparition, Martin et les membres de son équipe se mettent à sa recherche. Ils sillonnent la zone industrielle que Diego arpente tous les jours. Au fond d’un terrain vague, sous un amas de cartons, il est là. Bien qu’il soit tard dans la nuit, il n’a pas l’air surpris. « Je savais bien que vous alliez venir ».

Trois jours plus tard, il appelle de loin les animateurs de la bibliothèque de rue : « J’ai trouvé quelque chose pour l’équipe ! » Dans sa brouette, quatre cartons de « pères Noël en chocolat », emballés dans leur costume d’aluminium scintillant.

Grâce à Diego, le père Noël arrive en plein été !

Dans les magasins, Noël est depuis longtemps oublié. Pour Diego, la joie du partage n’a pas de calendrier.

En cette fin d’année, Diego nous invite au partage et à la fête !
Sans votre soutien et votre fidélité, nos équipes ne pourraient pas vivre la même qualité de présence aux familles les plus pauvres. Aussi, nous comptons sur vous.
Merci de vos dons.

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Dans cette vidéo Moraene Roberts, militante Quart Monde au Royaume-Uni, explique ce que signifie le don pour elle :

  • « Il est très important que les personnes qui vivent dans la pauvreté aient la possibilité de montrer ce qu’elles peuvent apporter. Ça leur donne une dignité qu’ils n’auraient pas eue autrement. ».

Elle dénonce la perception des personnes en situation de pauvreté comme « se contentant uniquement d’être bénéficiaires de la charité de l’argent de l’État ».