Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde

Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, est né à Angers (France), le 12 février 1917. Il aurait eu 99 ans aujourd’hui.

Joseph Wresinski a expérimenté au cœur de sa propre vie les différents éléments par lesquels nous construisons l’invisibilité de l’extrême pauvreté dans notre société.

  • « La pauvreté, le dénuement matériel, l’oppression infligée par plus fort que soi, sont difficiles à supporter. Mais est proprement insoutenable le mépris, le rappel perpétuel d’être un inférieur et totalement inutile. Est intolérable d’être traité, même par ses proches, comme un homme sans dignité. « On nous considère comme des moins que rien… Nous ne sommes pas des chiens pour être insultés de la sorte à la mairie …». La différence entre pauvreté et misère est là. L’homme misérable est dans une situation insupportable, tenu pour quantité négligeable ou même pis : pour un être néfaste qui n’aurait jamais dû naître, alors qu’au plus profond de lui, il sait qu’il est pourtant un homme. Vouloir la dignité, rêver d’être quelqu’un et se le voir refuser même par ceux qui ne sont pas beaucoup plus riches que soi, tel le voisin, l’épicier, le facteur… , c’est cela la misère. Et c’est ce qui marque la frontière entre pauvreté et exclusion ». (Heureux vous les pauvres, Cana, Paris, 1985, page 27)

Une société qui se veut solidaire et que aspire à des pratiques de bonne gouvernance devrait enquêter sur les raisons historiques qui conduisent des personnes à vivre dans des conditions inhumaines, dans la solitude, l’isolement, à connaître l’expulsion, l’inutilité et la misère. Cette société devrait être hantée par ce que vivent ces personnes,  et ne pas dormir, pleurer de rage, errer sans fin, jusqu’à ce qu’on puisse, ensemble, vaincre l’inhumanité de la pauvreté, pour que chaque personne puisse vivre en toute dignité.

Mais pour cela, il faut vouloir voir le problème, ainsi que la force et les aspirations de chaque être humain.

Des milliers de personnes expulsées, des millions sans emploi ni ressources, des personnes qui vivent dans la rue, fouillent les ordures, se battent avec la vie… « Un peu de vêtements pour les pauvres ? Peut-être quelques nuits à l’auberge? Une soupe? ». Voilà la réponse de la société.

Joseph Wresinski insiste : en premier il nous faut prendre conscience de la situation, la regarder en face et vouloir nous regarder mutuellement, à hauteur d’homme, de femme et d’enfant…

Photo ATD Quart Monde – cité du Moulin neuf à Stains, près de Paris, 1984