La fierté de réussir ensemble en ne laissant personne derrière

Cela a été le point fort de la célébration du 17 Octobre 2016 à Bukavu. Les invités sont venus de tous les coins de la ville marquer leur soutien à la lutte contre l’extrême pauvreté. L’ Association « les Amis d’ATD Quart-Monde » en RDC fêtait ses vingt ans d’existence. Elle a proposé aux différents invités de réfléchir sur le thème de « ne laisser personne derrière ».

Un groupe d’enfants a présenté un sketch illustrant une course d’enfants avec un handicap. Alors que le premier était au point de l’emporter, le groupe a entendu le dernier crier en tombant par terre. Ils sont tous allés le secourir et ont franchi la ligne d’arrivée ensemble. Ce sketch invitait les participants à s’exprimer sur le thème de la rencontre. Par leur savoir-faire, les enfants ont créé une ambiance qui a permis aux participants de s’exprimer sur l’importance d’évoluer avec l’intelligence de tous dans une communauté.

Il y a de quoi être fier quand nous réussissons ensemble à ne laisser personne derrière. C’est l’expérience de deux participants qui ont connu l’exclusion dans leur communauté.

La maman d’Irenge, un enfant Tapori, a montré l’importance et la difficulté d’aller vers les autres : « Le sketch des enfants me rappelle ce que j’ai connu dans mon quartier. Avec mes huit enfants et mon mari, nous étions taxés de tous les maux possibles. Quand un enfant voulait arriver à la maison les voisins lui disaient qu’est-ce que vous faites ? Vous allez chercher des gens qui ont des chiques ? Nous étions les sorciers du quartier, les voleurs du quartier. Les enfants et les jeunes Tapori n’ont pas écouté ces préjugés. Un jour, ils sont arrivés chez moi et ont reconstruit ma maison. Ils ont intensifié les visites avec ma famille. Ils ont même chanté, dansé, joué et partagé l’amitié avec les enfants du quartier. C’est comme cela que d’autres enfants ont rejoint le groupe Tapori. Mon fils Irenge rentrait à la maison avec les enfants Tapori d’autres quartiers ou ceux de nos voisins. L’ambiance d’amitié a gagné les parents. Ces enfants nous ont aidés. J’ai compris qu’il faut avoir des personnes qui font un pas vers les oubliés. Sans elles, il y aura toujours des personnes laissées derrière. »

Faisant allusion à un incident qui s’était produit à l’occasion de la journée du 17 octobre 2015, Monsieur Parole, un militant d’ATD Quart-Monde a souligné le rapport entre « ne laisser personne derrière », la reconnaissance et la fierté d’appartenir à une communauté.

  • «Ce thème me rappelle ce qui s’est passé l’année dernière. Tous les membres du Mouvement étaient heureux de participer à la marche qui devait aboutir à la remise d’un message des familles au gouverneur de la province. Quelques jours avant, j’avais subi une intervention médicale qui avait entraîné la perte de ma jambe. Vingt minutes avant d’arriver au gouvernorat, ma béquille a glissé et je suis tombé et j’ai éprouvé beaucoup de douleur. Certains membres d’ATD Quart Monde se sont arrêtés, se sont occupés de moi pendant quelques temps. D’autres ont cherché rapidement un moyen de transport qui m’a permis d’aller consulter un médecin. J’étais content du geste des amis : accepter de regarder la situation de celui qui est derrière. Mon état ne pouvait pas me permettre d’achever la marche avec les autres, mais j’ai vu que j’étais dans leurs cœurs. »

Il sera toujours difficile d’avancer avec tout le monde, mais comme Monsieur Parole l’exprime: « Ne laisser personne derrière ne signifie pas qu’on ne doit pas avancer. Ça signifie que notre ambition de réussir ne doit pas nous empêcher de penser à celui qui est derrière. La reconnaissance des amis m’a donné la fierté d’appartenir à une communauté. En fin de journée, les amis m’ont fait le compte rendu de la suite de la marche. C’était comme si on avait réussi ensemble. C’est pour cela que j’ai osé prendre la parole encore aujourd’hui. »

Pour que le courage et la force des familles comme celle d’Irenge, de M.Parole ne soient plus jamais méprisés, mobilisons-nous en 2017 pour ne laisser personne derrière.