Être jeune aujourd’hui

Pour l’Université Populaire Quart Monde du 16 mars 2012 ayant pour thème : « Être jeune aujourd’hui », nous avons été à la rencontre de jeunes, ayant entre 16 et 25 ans, de tous milieux, afin de recueillir des témoignages sur ce qu’ils pensent concernant leur avenir, leurs projets, leurs inquiétudes et leurs espoirs.

Nous avons rencontré plus de quarante jeunes, faisant partie de plusieurs organismes tel que La Maison de Jonathan qui accueille des jeunes en décrochage scolaire, l’Auberge communautaire du Sud Ouest qui est un centre d’hébergement pour les jeunes à la rue, ou encore un groupe de jeunes en service volontaire avec l’organisme Katimavik. Tous ces jeunes ont bien voulu répondre à nos questions. Voici quelques-unes des réactions qui ont été choisies et classées par thème par un petit groupe de jeunes qui s’est penché sur les témoignages recueillis.

Construire mon Avenir

Les jeunes que nous avons rencontrés nous ont parlé de leur réalité, de leurs projets, de leurs rêves. Beaucoup ont abordé le sujet des études, en exprimant leur inquiétude à ce sujet : «  ne pas réussir, ça me fait peur », ainsi que leurs difficultés dont l’une est de « ne pas abandonner l’école », ou encore le problème du coût malgré les prêts-bourse : «  je suis juste avec ma mère, elle ne peut pas payer mes études. Je crains de prendre un prêt-bourse car si quelque chose arrive le prêt tombe sur elle ».

Tous nous ont parlé du travail comme une de leurs préoccupations principales pour le futur : «  j’aimerais faire un métier que j’aime et avoir une stabilité d’emploi. » La famille a également une place essentielle dans ce qu’ils imaginent pour leur avenir. L’un d’entre eux nous a dit vouloir « avoir des enfants et être un bon père » et une jeune fille espère « fonder une famille qui ne vive pas dans la pauvreté. »

Concernant le logement, plusieurs souhaitent « avoir une maison » dans quelques années, alors que d’autres nous parlent de cela comme une préoccupation urgente, comme ce jeune homme de l’Auberge communautaire qui nous dit qu’il aimerait « trouver un logement, n’importe quoi, même une chambre avec un canapé. Je ne peux plus vivre en communauté. »

L’argent est ressorti dans tous les témoignages. Un des jeunes a dit que « pour avoir la chance de réussir, on a la nécessité de faire assez d’argent pour vivre une vie normale et c’est très difficile », et une autre jeune nous a partagé son stress de «  payer son appart le 1er du mois. »

Plusieurs personnes ont également évoqué les problèmes concernant l’environnement comme une inquiétude pour l’avenir. L’envie d’aller en voyage et d’apprendre des langues étaient aussi très présente dans leurs projets.

Une jeune fille nous a confié que pour elle « la vie est une inquiétude », et une autre a dit « j’aimerais être heureuse, vivre comme je le souhaite. » Ces deux dernières phrases reflètent une certaine réalité de la majorité des jeunes que nous avons rencontrés. Ce qui nous a frappé, c’est de voir que même si les sujets abordés sont les mêmes, les jeunes voient l’avenir de manière complètement différente selon leur situation. Certains sont préoccupés par le choix de leurs études, mais ils ont suffisamment de sécurités pour faire des projets et rêvent d’un futur plein de promesses. D’autres vivent des situations plus difficiles, leurs inquiétudes sont beaucoup plus concrètes, leurs préoccupations plus urgentes. Quand on parle de logement par exemple, certains rêvent d’acheter une maison plus tard, d’autres ont besoin d’une chambre demain. Relations, environnement social, soutien

Les jeunes que nous avons rencontrés nous ont également parlé de ce qu’ils vivent aujourd’hui, de leurs difficultés, de leurs préoccupations. Et aussi des soutiens qu’ils ont ou qu’ils aimeraient avoir.

Être bien avec ma famille, mes amis est un sujet qui est ressorti de différentes manières. «  L’amitié, c’est important » a été une phrase marquante. Une jeune fille nous a dit aussi que : «  ce qui me donne espoir, ce sont les gens que j’aime. Mon chum, mes grands-parents ». Mais la famille n’est pas toujours un soutien pour des jeunes qui vivent des situations difficiles. L’un d’eux nous a parlé «  des problèmes familiaux, quand tu n’as pas une famille unie. » Tous les jeunes veulent avoir du soutien à l’école et dans leur orientation. D’après plusieurs jeunes, « certains professeurs sont responsables du décrochage des élèves car ils les enfoncent. Il faudrait plus de compréhension ». Une d’entre elles ajoute : « dès que tu as un problème, ils te disent d’aller voir un psy, ils pensent tout de suite que tu as une maladie mentale ». Certains expliquent leurs attentes en terme de soutien : « j’ai besoin de quelqu’un pour me guider, pour me dire : « c’est comme ça qu’on fait. Prends le risque et si ça ne marche pas, on sera là pour t’aider« . »

Être bien dans sa tête, c’est difficile pour tous, mais c’est encore plus vrai quand on est jeune ou adolescent. Une des difficultés est d’exprimer «  les émotions, les choses pas réglées. » Une autre est que « les jeunes à force d’avoir des échecs, tombent dans la déprime, la dépression. » Un jeune explique l’importance de la motivation dans ce que l’on fait : « quelquefois, je n’ai pas la motivation et je donne des résultats médiocres. Mais quand j’ai un but clair avec quelque chose d’important pour moi, je produis toujours des résultats excellents. »

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Il ressort que pour les jeunes, vivre au XXIe siècle c’est être confronté à des difficultés qui sont multiples. Pour un jeune, un des problèmes aujourd’hui est «  le besoin de toujours plus de biens matériels ». Un autre pense que, «  la sexualité, c’est abusé à notre âge, il y en a trop, on en parle trop ». Il est aussi ressorti qu’ «  on est dans un monde où il faut qu’on aille bien tout le temps, superficiel, où il faut bien paraître. » Une des phrases qui a marqué le plus les personnes qui ont participé à la soirée de l’Université populaire Quart Monde est : « on fait peur aux adultes ». Cette remarque a amené un débat sur les relations entre jeunes et adultes très enrichissant pour tous.