Echos du 17 Octobre en Afrique

La Journée mondiale du refus de la misère a été célébrée par de nombreuses organisations sur le continent africain, comme partout ailleurs dans le monde. Retour sur quelques évènements dont ont fait écho les membres d’ATD Quart Monde. (photo ATD Quart Monde : célébration au Centre Delwendé, au Burkina Faso)

Pour retrouver l’intégralité des compte-rendus, consultez le site : refuserlamisere.org

Au Burkina-Faso

 

Une cérémonie d’hommage a eu lieu le 17 octobre sur la dalle Africaine Sacrée du Quart-Monde à Manéga. Une délégation d’une vingtaine de personnes avait fait le déplacement, accueillie par les chefs du village et Me Pacéré Titinga. Lecture de témoignages et prises de parole ont ponctué la cérémonie :

« Un homme était très humilié dans son propre village. Les gens du village le traitaient comme s’il n’avait pas été natif de ce village et personne ne voulait l’écouter. Il a même voulu quitter son village, son lieu d’origine, tellement il y avait de fausses accusations contre lui. Mais comme dit le proverbe « Le mensonge court tous les jours et la vérité le rattrape en un jour ». Les gens se sont aperçus que ce qu’on disait sur lui n’était pas vrai et alors ils ont décidé de lui faire confiance. »

Aujourd’hui cet homme fait partie des personnes à qui les gens du village viennent demander des conseils.

A Ouagadougou, il avait été décidé que la Journée mondiale du refus de la misère serait célébrée cette année dans le village de Sakoula. C’est là que vient d’être déplacé le Centre Delwende, qui, depuis plusieurs dizaines d’années, est le refuge de personnes, souvent âgées, et majoritairement des femmes, qui ont du fuir leurs villages sous des accusations diverses.
Dès les années 80, des volontaires d’ ATD Quart Monde se sont engagés dans ce centre, aux côtés d’autres bénévoles qui refusaient l’exclusion dont ces femmes sont victimes.

Célébrer le 17 octobre dans ce lieu avait pour objectif de provoquer la rencontre et de contribuer à un regard positif du village sur les vieilles femmes qui viennent de s’installer chez eux. Le 22 octobre, un grand rassemblement a réuni près de 500 personnes dans le village autour des habitants du Centre Delwende. 

Oeuvre collective réalisée par les enfants "C'est ensemble qu'on peut porter le toit de la case"
Oeuvre collective réalisée par les enfants « C’est ensemble qu’on peut porter le toit de la case »

 

Au Cameroun

Le groupe des Amis d’ATD Quart Monde à Yaoundé au Cameroun a célébré la Journée mondiale du refus de la misère le 15 octobre, dans un spectacle intitulé « Pour une économie respectueuse des hommes et de la terre ». Ce spectacle était une sorte de jeu de cartes géant : Sidoine et Nadège en impresarios extraordinaires piochaient des cartes et présentaient de différentes manières ATD Quart Monde, Tapori et la Journée mondiale du refus de la misère. Ils étaient drôles, convaincus et convaincants, formés au théâtre par 2 comédiens, Piko, Centrafricain, et Ndjonbe Jean, Camerounais. Ces comédiens ont beaucoup contribué à écrire le spectacle, à sa mise en scène, et à diriger toutes les répétitions. Ils ont donné sans compter leur talent pour coordonner toutes les initiatives. En effet, ce spectacle rassemblait tous les partenaires du groupe d’ATD Quart Monde, et chacun était présent sur scène : les enfants de l’école française chantaient la solidarité, les enfants orphelins en situation de vulnérabilité, de Petit Dan et Sarah, jouaient un sketch très drôle, mis en scène par Piko. Les personnes non-voyantes du Club CJARC (Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun) ont chanté un chant qui a ému toute la salle. Et puis un jeune du Foyer Edimar, actuellement en apprentissage dans une boulangerie, après 8 ans dans la rue, a donné un très beau témoignage.

Au Burundi

  • « Si tu veux vraiment que la misère puisse disparaître, mets-toi à côté d’un pauvre et accompagne-le dans ses idées. » Patrick NKOY

Un groupe de Bujumbura initié par d’anciens « Tapori » (branche enfance d’ATD Quart Monde) s’est retrouvé pour discuter du thème « de l’humiliation et l’exclusion à la participation : Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes ». Ils ont abordé les questions : comment pouvons-nous faire participer les personnes humiliées, les exclus dans la prise des décisions dans tous les secteurs de la vie ? Où en est-on avec notre lutte, arrivons-nous à atteindre et à combattre toutes les formes de la misère ? Sinon, comment y arriver ?

« Juste le sourire et un bonjour, c’est le commencement pour bannir l’exclusion et créer la participation dans tous les secteurs de la vie. Si l’on ne fait pas des petits gestes, on ne peut pas arriver au grand geste. (…)  La participation est un grand parcours, car les cas diffèrent. Par exemple : faire participer les enfants de la rue dans la prise des décisions administratives demande un parcours. Au départ ils ne prennent pas la parole même si ont la leur donne, parce qu’ils ont peur de la réaction de ceux qui entendent; les gens pensent de ce fait que les enfants ne peuvent rien faire. Mais nous qui luttons pour qu’ils participent malgré leur situation, nous devons alors faire comprendre aux gens que ces enfants peuvent avoir un point de vue à donner parce qu’ils ont l’expérience de leur situation. » Jean-Louis VACHER

« Pour qu’une personne soit considérée, considérons-la d’abord mais pas seulement, combattons pour qu’elle soit considérée «  Christian RHUGWASANYE

« Il faut aussi l’intervention des gouvernements dans le cadre de la gouvernance « tête ensemble » et qu’ils comprennent aussi que promouvoir les talents de la jeunesse est un atout dans ce grand combat. » Patrick NKOY

En conclusion des échanges, le groupe a réaffirmé sa volonté de se mobiliser en 2017 pour que les rencontres permettent l’intégration au groupe de ceux qui sont les plus rejetés. « Allons à leur recherche ! Qu’elles soient considérées au lieu d’être rejetées ; bref : qu’on soit plus pratique que théorique. »

Au Sénégal, à Dakar, une journée de Courage face à la misère a eu lieu le samedi 15 Octobre au Musée Théodore Monod, durant laquelle les familles qui vivent l’extrême pauvreté ont pu s’exprimer pour témoigner de leur courage et découvrir un lieu culturel de Dakar.

En Centrafrique, une délégation de membres du Mouvement dont des militants quart monde était reçue à l’Assemblée nationale le jeudi 27 octobre.

En Tanzanie, une journée de rencontre s’est déroulée le 15 Octobre avec des familles de différents quartiers de Dar Es Salam,  des amis du Mouvement et représentants de différentes organisations associatives ou publiques. Spectacles musicaux, ateliers d’activités physiques, témoignages et ateliers ont parsemé la journée qui se déroulait au Makembusho Village Museum, emblématique lieu de culture et d’histoire en Tanzanie.

En RDC, plusieurs événements ont eu lieu dans le pays, dont une journée de mobilisation à Bukavu autour du thème « ne laisser personne derrière » (marche, sketch des enfants Tapori, université populaire).